Commission d'enquête sur la TNT : Cyril Hanouna dénonce un "acharnement" visant à le "faire sortir du paysage audiovisuel"

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Cyril Hanouna auditionné à l'Assemblée nationale.
Cyril Hanouna auditionné à l'Assemblée nationale. LCP
par Maxence KagniRaphaël Marchal, le Jeudi 14 mars 2024 à 20:21, mis à jour le Vendredi 15 mars 2024 à 11:00

L'animateur star de "Touche pas à mon poste !" a été auditionné, ce jeudi 14 mars, par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur l'attribution et le contrôle des fréquences de la TNT. "On a fait plus de 5 000 heures de direct, les faits pour lesquels on est ici aujourd'hui représentent 0,1% de l'antenne", a notamment déclaré Cyril Hanouna, dénonçant les amendes, selon lui, "disproportionnées" infligées à C8. Il a, en outre, nié toute influence de Vincent Bolloré sur son travail.

Une star controversée de la télévision auditionnée à l'Assemblée nationale. Pendant près de 2h30, Cyril Hanouna, l'animateur de "Touche pas à mon poste !" sur C8, a répondu aux questions de la commission d'enquête "sur l’attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre"

Il a notamment minimisé le nombre de sanctions de l'Arcom qui touchent ses émissions : sur "plus de 5 000 heures de direct", celles-ci ne correspondent qu'à 0,1% du temps d'antenne, a affirmé l'animateur et producteur. "Quand on a une sanction, c'est un drame pour nous, on n'est pas contents, on n'est pas en train de faire la fête dans la loge", a-t-il ajouté, indiquant que les amendes avaient des conséquences économiques et pouvaient conduire à la suppression de projets d'émissions.

"Je dérange"

A de multiples reprises, Cyril Hanouna s'est présenté comme la victime d'un "acharnement" visant à le "faire sortir du paysage audiovisuel", semblant voir en l'Arcom le bras armé de la concurrence. Estomaqué par les amendes, selon lui, "disproportionnées" infligées à C8, l'animateur a jugé que son équipe devait faire "trois fois plus attention" que les autres émissions. Une situation qu'il a relié à la révélation de la "tentative d'influence" qu'aurait exercée François Hollande sur Olivier Schrameck, lorsque ce dernier était à la tête du Conseil supérieur de l'audiovisuel (l'ancêtre de l'Arcom), en vue d'une nomination à la présidence de France Télévisions.

"Je dérange", a répété l'animateur, persuadé que les groupes concurrents cherchent également à lui nuire. En cause, selon lui, le juteux marché publicitaire dégagé par la popularité de "Touche pas à mon poste !". Le gâteau est maigre pour les autres chaînes de la TNT a, en substance, expliqué le producteur, déplorant d'être désigné comme le "loubard" de la télé, dans le but d'affaiblir sa réputation.

"A la botte de personne"

Cyril Hanouna a, tout au long de l'audition, farouchement défendu son indépendance. Envers Vincent Bolloré, dont le groupe possède C8, qui ne s'est "jamais mêlé" des émissions. Mais surtout au sujet du choix de ses invités. "Je suis à la botte de personne", s'est-il exclamé, vantant son mérite de vouloir "inviter tout le monde, parler avec tout le monde". Alors que plusieurs élus, dont David Guiraud (La France insoumise) et Sophie Taillé-Polian (Ecologiste) lui reprochaient de privilégier, de plus en plus, des invités d'extrême droite, le producteur s'en est défendu. Déplorant, en outre, que bon nombre d'élus, notamment de gauche, refusent ses invitations.

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"J'ai passé autant de bons moments avec Jordan Bardella qu'avec Jean-Luc Mélenchon", a-t-il lancé. Toujours guidé par la volonté de respecter le choix des Français dans les urnes, Cyril Hanouna a insisté sur son souhait d'avoir un plateau aussi pluriel que possible. Interrogé par Laurent Jacobelli (Rassemblement national) sur le refus de "Quotidien" d'inviter des élus de son parti, l'animateur en a profité pour égratigner ses concurrents directs : "Pour moi, c'est du mépris."

Louis Boyard, un ancien "pote"

Le présentateur de "Touche pas à mon poste !" est longuement revenu sur son altercation avec le député La France insoumise Louis Boyard. Le 10 novembre 2022, Cyril Hanouna avait qualifié l'élu - par ailleurs ancien chroniqueur de l'émission - de "merde", de "tocard" et d'"abruti". Des propos qui avaient valu une sanction record à C8 de 3,5 millions d'euros. "Le seul député avec qui j'ai des problèmes, c'est Louis Boyard", a expliqué l'animateur, qui pense "être pour quelque chose" dans son élection en juin 2022. "On lui a donné une visibilité incroyable". 

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Louis Boyard était "un pote", a-t-il dit et répété, estimant avoir été "trahi" en direct. "Je regrette mes propos", a déclaré Cyril Hanouna, qui n'a pas hésité à lire des SMS envoyé par le passé par Louis Boyard pour attester du lien d'amitié qui les unissait selon lui. "La trahison en question a consisté à évoquer les affaires en Afrique de Vincent Bolloré", a répliqué le rapporteur de la commission d'enquête, Aurélien Saintoul (La France insoumise).

Le direct, un "risque"

"Le direct est un risque, mais aujourd'hui, c'est dans l'ADN de C8 et c'est ce qui fait pour nos téléspectateurs la force de notre chaîne", a ajouté Cyril Hanouna. Des propos qui rejoignent ceux du président du directoire du groupe Canal+, Maxime Saada : "Cyril Hanouna est en direct, il prend un risque, nous prenons un risque, c'est ce qui explique son succès, et c'est un risque que nous assumons pleinement", a-t-il déclaré lors de son audition du 29 février. "La répétition des sanctions n'a pas semblé calmer le rythme des dérapages homophobes, grossiers et violents de votre émission", a souligné Laurent Esquenet-Goxes (Démocrate) pas convaincu, comme d'autres députés, par les réponses apportées au cours de l'audition.  

Interrogé sur une éventuelle tentative de déstabilisation d'Olivier Schrameck quand celui-ci était président du CSA, Cyril Hanouna n'a pas hésité à être offensif vis-à-vis du rapporteur Aurélien Saintoul (LFI) : "Je pense que vous aussi vous regrettez ce que vous avez fait à Olivier Dussopt en le traitant d'imposteur et d'assassin."

Présidée par Quentin Bataillon (Renaissance), cette audition qui était très attendue s'est déroulée dans un climat relativement serein, émaillée de quelques remarques reflétant la personnalité de l'animateur de TPMP, notamment au sujet de l'heure de fin prévue de la séance de questions réponses, en l'occurence 16h30. "Je prends mon goûter à 16h30 également", a-t-il déclaré, provoquant l'irritation des députés. Cyril Hanouna s'est aussi amusé de la longueur de la question de la députée Sarah Legrain (La France insoumise) : "Vous avez dépassé le temps Madame, si vous aviez été dans Fort Boyard vous auriez perdu la clé, Madame", a-t-il lancé, hilare. Et d'annoncer que son audition serait l'un des thèmes principaux de l'émission "Touche pas à mon poste !" diffusée dans la soirée sur C8. 

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