Commission d'enquête sur la TNT : audiovisuel public et privé, information, concentration... L'essentiel de l'audition de Rachida Dati

Actualité
Image
Rachida Dati auditionnée par l'Assemblée nationale, le 21 mars 2024.
Rachida Dati auditionnée par la commission d’enquête sur l’attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la TNT, le 21 mars 2024 - LCP.
par Soizic BONVARLET, le Jeudi 21 mars 2024 à 22:23, mis à jour le Jeudi 28 mars 2024 à 16:56

Auditionnée par la commission d'enquête "sur l’attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la TNT", la ministre de la Culture a développé sa vision du "modèle" audiovisuel français dans un secteur en pleine mutation. L'audition de Rachida Dati a, en outre, été émaillée de vifs échanges avec le rapporteur de la commission d'enquête, Aurélien Saintoul (LFI). 

"Eduquer, informer, divertir : ce sont les missions de l'audiovisuel public (...) Ce modèle, je veux le préserver face [aux] plateformes étrangères". Auditionnée ce jeudi 21 mars par la commission d'enquête sur "l’attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre", la ministre de la Culture, Rachida Dati, a dit sa volonté d’œuvrer pour que la télévision "reste un facteur de cohésion sociale".

Holding de l'audiovisuel public, groupes privés, qualité de l'information... 

Comme elle l'a déjà fait plusieurs fois depuis sa nomination au gouvernement, Rachida Dati a souligné la nécessité de réformer la gouvernance de l'audiovisuel public en créant une holding qui permettrait de rapprocher les principaux acteurs du secteur, à savoir France Télévisions et Radio France. "Face à un audiovisuel privé qui se structure, on ne peut pas avoir cet audiovisuel public totalement dispersé", a-t-elle estimé, appelant le secteur à "rassembler [ses] forces". "Il faut faire vite", a-t-elle insisté, évoquant en outre une garantie de financement pérenne via une fraction de la TVA.

Tweet URL

Concernant l'audiviovisuel privé, la ministre n'a pas fait mystère de sa conviction que les investissements réalisés dans le secteur par les grands groupes industriels sont indispensables. "L'information fiable, de qualité, ça a un coût". "Sauf à se voiler la face (...) si vous ne vous adossez pas à un groupe industriel, je ne vois pas comment on fait", a-t-elle aussi souligné, tout en se disant favorable à une réforme des règles régissant la concentration des médias, visant à prendre en compte "la globalité du champ médiatique", et en rappelant que "l'intérêt du groupe ne doit pas impacter l'indépendance de la rédaction ou des journalistes".

Tweet URL

En matière de publicité, "l'enjeu est de se battre pour que les recettes publicitaires ne soient pas accaparées par les acteurs du numérique et leurs services intermédiaires - ceux de Google notamment", a pointé Rachida Dati, alors que "les chaînes gratuites privées vivent de la publicité". À ce sujet, elle a plaidé pour une réponse "nécessairement européenne".

Tweet URL

"Vous allez trop loin Monsieur le rapporteur"

L'audition de la ministre de la Culture a été émaillée d'échanges tendus avec le rapporteur de la commission d'enquête, Aurélien Saintoul (La France insoumise). Le député l'ayant tour à tour interrogée sur sa prédécesseure, Rima Abdul Malak, sur les conditions de renouvellement des autorisations de diffusion des chaînes de la TNT, ou encore sur la nature de ses relations avec Vincent Bolloré, c'est une question liée à une éventuelle rencontre entre Emmanuel Macron et l'homme d'affaires - et à sa nomination rue de Valois suite à cet entretien supposé - qui a suscité l'indignation de Rachida Dati.

"Je serais l'objet d'un contrat entre deux hommes pour que je puisse exercer une fonction ?", s'est-elle aussi exclamée. "J’ai fait mes preuves. Politiquement, j’ai une légitimité. Vous mettez en cause ma légitimité ? Ma capacité ? Ma compétence ?", a-t-elle interrogé, avant de reprocher au rapporteur d'"aller trop loin".

Tweet URL

"La question que je me pose, c'est de savoir s'il existe une forme d'affinité intellectuelle particulière entre la ministre et les médias du groupe Bolloré", a justifié ce dernier, avant que le président de la commission d’enquête, Quentin Bataillon (Renaissance) n'intervienne, demandant au rapporteur de "reformuler et de vérifier ses questions". Reprenant la parole quelques minutes avant la fin de l'audition pour réfuter avoir mis en cause la "légitimité" et la "compétence" de la ministre, Aurélien Saintoul est revenu à la charge : "Est-ce qu'Emmanuel Macron ou Gabriel Attal vous ont demandé de préserver les autorisations du groupe Bolloré ?", a-t-il interrogé. "Le président de l'Arcom n'a jamais eu de pressions (...). Il a des prérogatives et des missions très claires, notamment celle d'attribuer des autorisations [de fréquences sur la TNT]. Nous n'y sommes pas mêlés, il fait ça en toute indépendance", a répliqué Rachida Dati

 

Tweet URL