par Elsa Mondin-Gava, le Mardi 8 septembre 2020 à 17:12, mis à jour le Jeudi 25 mars 2021 à 16:03

Deux mois après la perte de sa majorité absolue, l'érosion du groupe La République en marche continue à l'Assemblée. Les derniers transferts de députés se font au profit de son principal allié le MoDem, qui bénéficie aussi de l'arrivée de députés issus d'autres groupes. 

Rentrée sur fond de transferts dans les travées du Palais-Bourbon. Alors la session extraordinaire commencera mardi 15 septembre à l'Assemblée nationale, plusieurs députés ont décidé de changer de maillot. A ce jeu des transferts, c’est l'équipe MoDem qui recrute le plus. Lundi, trois députés du groupe La République en marche ont annoncé avoir signé chez l’allié historique : Christophe Blanchet (Calvados), Perrine Goulet (Nièvre) et Blandine Brocard (Rhône). Cet été, Christophe Jerretie (Corrèze) et Michèle Crouzet (Yonne) avaient déjà sauté le pas.

Jusqu’alors, le MoDem semblait écarter les députés marcheurs qui frappaient à sa porte au nom d’un gentlemen agreement qui empêchait tout transfert entre équipes alliées de la majorité. Visiblement, le parti de François Bayrou a décidé de s’affranchir de cette règle, préférant accueillir les marcheurs déçus plutôt que de les voir créer d’autres groupes dissidents.

Interrogé sur une éventuelle OPA hostile sur les troupes de La République en marche, le patron des députés MoDem Patrick Mignola veut dédramatiser la situation : "Si demain des députés MoDem vont chez LaREM et que des députés LaREM vont au MoDem, c’est effectivement dans la maison commune de la majorité passer de la cuisine au salon."

Interrogations

Mais ces transferts ne font pas l’unanimité chez les députés La République en marche. Il faut dire que le groupe a vu ses effectifs diminuer depuis le début du quinquennat. Des départs d'abord au compte-goutte puis en grappe au début de l'été avec la création des groupes Écologie Démocratie et Citoyenneté (tendance aile gauche écologiste) et Agir ensemble (centre-droit) qui ont fait perdre au groupe la très symbolique majorité absolue permettant au groupe de pouvoir, à lui seul, adopter un texte de loi.

Pour certains élus de LaREM, ce glissement vers un partenaire historique est naturel et doit surtout interroger sur le fonctionnement du groupe majoritaire. D’autres s'interrogent sur le calendrier alors que le groupe est en pleine réélection de son équipe dirigeante. Jean-Baptiste Moreau (Creuse) "trouve juste dommage de s’en aller maintenant alors que l’on va procéder à une élection et changer".

Et puis il y a ceux qui regrettent ce qu'il qualifient de "manœuvre". Pour Patrice Anato (Seine-Saint-Denis), "cela ne devrait pas se faire puisque le Modem est notre partenaire historique".

Le groupe Modem a aussi recruté dans d’autres groupes. Comme Sabine Thillaye (Indre-et-Loire) qui quitte le groupe Écologie, Démocratie et Solidarité après avoir auparavant quitté le groupe La République en marche. Enfin, ils sont trois à faire leurs adieux au groupe Libertés et Territoires : Philippe Vigier (Eure-et-Loir), Yannick Favennec (Mayenne) et Sandrine Josso (Loire Atlantique). Ces trois députés, indiquent cependant qu'ils ne rejoignent pas à proprement parler le groupe MoDem mais une "nouvelle force centrale et incontournable à l’Assemblée nationale"