INTERVIEW – Le Premier ministre sollicitera, le 8 septembre prochain, la confiance de l’Assemblée nationale, mais les chances pour son gouvernement de se maintenir sont minimes. Les députés se projettent déjà sur l’après. Entretien avec Thomas Ménagé, député Rassemblement national du Loiret.
François Bayrou a-t-il une chance de se maintenir après le vote de confiance de l'Assemblée ?
C'est mal engagé pour lui : au vu des équilibres actuels de l'Assemblée nationale, il est fort probable que le gouvernement de François Bayrou tombe car il ne dispose d'aucune majorité permettant de gagner un vote de confiance. En tout cas, le Rassemblement national ne votera pas la confiance à une équipe faite de bric et de broc composée de macronistes, de socialistes et de LR qui ont ruiné le pays ensemble depuis trente ans et veulent continuer à faire les poches des Français en augmentant la pression fiscale et en ne faisant aucune réforme structurelle.
Depuis plusieurs semaines, François Bayrou alerte les Français sur la situation budgétaire du pays, qu'il juge dramatique. Est-ce vraiment le moment d'ajouter de l'instabilité politique ?
L'instabilité politique n'est pas le fruit des décisions du Rassemblement national. Elle est le fruit des accords contre-nature du second tour des élections législatives de 2024, où des candidats macronistes ou LR se sont désistés pour faire élire des candidats d'extrême-gauche et vice-versa. C'est indigne de voir ceux qui ont causé l'instabilité hier, en plus d'avoir mis notre pays dans une situation budgétaire intenable avec 1 000 milliards de dette supplémentaire en sept ans, venir aujourd'hui nous demander de sacrifier les Français sur l'autel de la stabilité. Ce n'est pas à eux de payer les erreurs des gouvernements successifs.
Je suis convaincu que nos concitoyens ont maintenant pris la mesure de la crédibilité des solutions que nous proposons.
Si le gouvernement de François Bayrou tombe, le président de la République pourrait nommer un nouveau Premier ministre. Quel serait le profil idéal ? Des noms ?
La question de "qui" n'a pas beaucoup de sens. Ce qui compte, c'est pour quoi faire : jusqu'à maintenant, tant Michel Barnier que François Bayrou n'ont choisi que la facilité et la culpabilisation des Français. Nous sommes désormais dans le bourbier créé par le parti unique et nous n'en sortirons que par de nouvelles élections. Si un nouveau Premier ministre était nommé, le Rassemblement national resterait dans un état d'esprit constructif. Nous proposerons, comme nous l'avons fait l'an dernier, un contre-budget détaillé visant à protéger les Français tout en réduisant les déficits.
Au Rassemblement national, vous souhaitez une nouvelle dissolution. Une majorité absolue est-elle envisageable à l'Assemblée ?
Nous avons un projet clair et sérieux. Il faut convaincre les Français qui en doutent encore que ce projet est le meilleur pour notre pays : je pense aux économies structurelles sur le train de vie de l'Etat et sur le grand tabou de l'immigration, à la lutte sans relâche contre l'insécurité et au rétablissement de l'ordre, aux gains de pouvoir d'achat ou encore à des mesures écologiques pragmatiques et non pas punitives. Je suis convaincu que nos concitoyens ont maintenant pris la mesure de la situation et de la crédibilité des solutions que nous proposons.
La France insoumise prévoit de déposer une motion de destitution visant Emmanuel Macron. Soutenez-vous cette initiative ?
Nous partageons la lassitude et le ras-le-bol des Français face à Emmanuel Macron. Néanmoins, l'extrême gauche ment sur la destitution du Président de la République, en donnant de faux espoirs à nos concitoyens. Pour destituer le chef de l'Etat, il faut réunir deux tiers des voix de chaque chambre du Parlement, soit de l'Assemblée nationale et du Sénat, ce qui est aujourd'hui totalement impossible au vu de la composition de ce dernier. Ceci n'empêche pas que le Président puisse toujours démissionner, comme le lui permet la Constitution. C'est à lui de tirer les conséquences de ses choix et du vote des Français.
(Interview réalisée par Marco Paumier)