Retraites : Sébastien Lecornu va-t-il concéder la suspension de la réforme au PS pour éviter la censure ?

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Sébastien Lecornu AFP 13/10/2025
Sébastien Lecornu à Matignon, le 13 octobre 2025
par Anne-Charlotte Dusseaulx, le Mardi 14 octobre 2025 à 10:48, mis à jour le Mardi 14 octobre 2025 à 10:50

Le Premier ministre prononcera sa déclaration de politique générale, cet après-midi, mardi 14 octobre, à l'Assemblée nationale. S'il n'y aura pas de vote de confiance dans la foulée, les propos de Sébastien Lecornu seront scrutés, en particulier sur la réforme des retraites, alors que deux motions de censure contre son gouvernement ont déjà été déposées. 

L'heure de vérité approche pour Sébastien Lecornu. Après avoir consulté les forces politiques, composé un premier gouvernement, démissionné, mené d'ultimes négociations et accepté de rempiler à Matignon, le Premier ministre prononcera ce mardi 14 octobre, à 15 heures, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, sa déclaration de politique générale. A ce moment, il devra abattre ses cartes et indiquer la direction dans laquelle il souhaite aller pour sortir de la crise et tenter de faire adopter un budget pour 2026.

Mais cet après-midi, ce sont les engagements de Sébastien Lecornu sur la réforme des retraites qui seront tout particulièrement scrutés, puisqu'ils dicteront la conduite des socialistes, qui en fonction des propos du Premier ministre déposeront ou non leur propre motion de censure. Le groupe présidé par le député Boris Vallaud attend que le locataire de Matignon annonce un gel de l'âge légal et de l'accélération de la durée de cotisation. "Nous attendons 3 mots demain pour que le Parti socialiste ne censure pas : suspension de la réforme des retraites, hausse du pouvoir d'achat pour les bas salaires, justice fiscale en taxant les très hauts patrimoines", a résumé lundi soir sur LCP l'un des porte-parole du groupe, Romain Eskenazi. 

-> Lire aussi - Motions de censure : le gouvernement Lecornu 2 déjà en sursis ? LCP a fait les comptes

Le prix Nobel d'économie appelle à une suspension

Au nom de la stabilité, et pour éviter la chute du gouvernement Lecornu 2 et une éventuelle dissolution, certains dans le camp présidentiel appelle à accéder à la demande des socialistes. Interrogé lundi sur BFMTV sur le fait de savoir s'il fallait bien "suspendre" la réforme des retraites et pas seulement la "décaler" comme l'a laissé entendre Emmanuel Macron, l'ancien ministre de l'Economie, Eric Lombard, a répondu : "Oui, on la suspend." "Je pense qu'il est important que ce mot sacramentaire soit prononcé par le Premier ministre", a-t-il ajouté, considérant que "l'essentiel" est d'avoir un budget.

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"Il faut bouger clairement sur les retraites et j'espère que le Premier ministre le fera demain (mardi)", a également estimé lundi sur LCP le député macroniste Charles Sitzenstuhl.

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Mardi, c'est le prix Nobel d'économie Philippe Aghion qui a appelé mardi à un accord entre le gouvernement et le PS sur une suspension de la réforme des retraites. "J'espère que les socialistes vont réaliser que c'est une grande concession (...), que ce parti va dire 'l'interruption d'horloge, je prends, parce que je sauve le pays du danger de l'arrivée du Rassemblement national'", a affirmé l'économiste, interrogé sur France Inter. La suspension de la réforme, "c'est évident qu'il faut le faire", avait-il déjà déclaré la veille sur France 2.

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Du côté des Républicains, si certains députés sont pour une suspension de la réforme, ce n'est pas la position du parti. On ne "soutiendra pas" une telle initiative, "une irresponsabilité absolue", mais, pour autant, on "ne censurera pas" pour "ne pas aggraver le chaos", a indiqué son vice-président François-Xavier Bellamy sur franceinfo. Le patron du Medef, Patrick Martin, ne veut pas de suspension car "à un moment ou à un autre, ça se paiera", a-t-il lancé sur RTL.

Premier conseil des ministres à 11 heures

Ce mardi matin, Sébastien Lecornu s'est entretenu avec Emmanuel Macron de retour d'Égypte, selon l'AFP. Il assistera ensuite au premier Conseil des ministres de son gouvernement, retardé d'une heure à 11 heures, afin d'examiner les projets de budget de l’État et de la Sécurité sociale pour qu'ils soient transmis dans les temps au Parlement. 

Pour tenter de déminer le terrain, le Premier ministre a également invité à 13h30 à Matignon ses nouveaux ministres et les députés du camp gouvernemental, y compris Les Républicains. Une invitation à laquelle ne se rendra pas le groupe Liot qui reste dans l'opposition en dépit de l'entrée au gouvernement de son ex-président Laurent Panifous comme ministre des Relations avec le Parlement.

De son côté, le Parti socialiste tient un Bureau national à 13 heures, juste avant la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu.