Retraites : le COR confirme le déficit à venir du système malgré des dépenses contenues

Actualité
par Soizic BONVARLETMaxence Kagni, le Jeudi 19 janvier 2023 à 15:51, mis à jour le Lundi 23 janvier 2023 à 12:54

Auditionné à l'Assemblée nationale, le président du Conseil d'orientation des retraites, Pierre-Louis Bras, est revenu sur les scénarios développés dans le dernier rapport du COR, selon lesquels la situation financière du système des retraites devrait se dégrader au-delà de 2022, et ce malgré des dépenses sous contrôle.

Sujet à interprétations, voire à récupération, le rapport annuel du Conseil d'orientation des retraites (COR) a maintes fois été brandi tant par les oppositions que par l'exécutif, pour contester ou justifier la réforme des retraites. Dans son rapport annuel de septembre 2022, "Evolutions et perspectives des retraites en France", le COR prévoit un excédent du régime des retraites à très court terme, et un système globalement déficitaire sur les 25 prochaines années.

Des dépenses contrôlées mais une diminution des ressources

Selon la plupart des hypothèses du COR, qui se fondent sur une croissance de la productivité du travail s'échelonnant entre 0,7 et 1,6%, son président explique que "les dépenses de retraites ne dérapent pas, elles sont relativement maîtrisées, dans la plupart des hypothèses, elles diminuent plutôt à terme".

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En revanche, Pierre-Louis Bras indique également que le solde du système devrait se creuser "parce qu'il va y avoir des évolutions négatives sur les ressources". Le président du COR évoque ainsi une hypothèse dans laquelle le déficit perdure jusqu'en 2045, voire 2070 selon une autre de ses hypothèses, privilégiée par l'exécutif. Il en conclut que si "les dépenses de retraites ne dérapent pas", "elles ne sont pas compatibles avec les objectifs de politique économique et de finances publiques du gouvernement".

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Les députés fourbissent leurs armes

L'audition de Pierre-Louis Bras a permis aux différents groupes politiques d’affûter leurs arguments en vue de l'examen du texte à l'Assemblée nationale. "Le projet de réforme dont le gouvernement va prochainement nous saisir ne prend personne par surprise", a par exemple affirmé le rapporteur général de la commission des finances, Jean-René Cazeneuve (Renaissance), "puisque ce n'est jamais le bon moment, faisons-le maintenant."

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Sa collègue Prisca Thévenot (Renaissance) a quant à elle dénoncé les "contre-vérités" et la "paresse" de La France insoumise, selon qui "il suffirait de réduire le chômage pour financer notre système de retraites par répartition".

A gauche, le président de la commission des finances, Eric Coquerel (La France insoumise), opposé au report de l'âge légal de départ à la retraite, a mis en avant la nécessité "d'aller chercher d'autres ressources" pour résoudre le problème du creusement du solde des retraites. Le député de Seine-Saint-Denis propose notamment de mettre un terme à certaines "exonérations" ou de créer de nouvelles "taxations".

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De son côté, Thomas Ménagé (Rassemblement national) a dénoncé un "détournement" des travaux du COR par le gouvernement "à des fins purement politiciennes". Selon l'élu, "une très large majorité des Français juge injuste et injustifiée [la réforme], les manifestations en cours le prouvent".

Les députés poursuivront leurs échanges lors de l'audition du ministre Travail, Olivier Dussopt, lundi 23 janvier, après la présentation de la réforme en Conseil des ministres, puis lors de l'examen du texte en commission, à partir du 30 janvier, et dans l'hémicycle de l'Assemblée, à partir du 6 février.