Réforme des retraites : "dans cette Assemblée, une majorité existe", veut croire Élisabeth Borne

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par Zacharie LEGROS, le Mardi 14 mars 2023 à 15:44, mis à jour le Mercredi 15 mars 2023 à 15:04

La séance de Questions au gouvernement a été l'occasion de nouveaux échanges sur la réforme des retraites. S'adressant à la droite, Élisabeth Borne a fait la distinction entre vote de la réforme et soutien au gouvernement. La Première ministre a, par ailleurs, reproché à la gauche de s'opposer aux avancées sociales que permet, selon elle, la réforme en contrepartie du report de l'âge légal de départ en retraite à 64 ans. 

Derniers arguments et dernières passes d'armes avant la réunion de la commission mixte paritaire (CMP), qui se réunira demain, pour tenter de trouver un accord entre Assemblée nationale et Sénat sur la réforme des retraites... Et avant le vote qui, en cas d'accord, aura lieu dans chacune des deux Chambres du Parlement pour valider le compromis qui aura été élaboré en CMP. 

Confronté au risque d'un vote qui, à ce stade, n'est pas acquis à ce stade à l'Assemblée nationale, en raison de quelques voix incertaines au sein de la coalition présidentielle et de l'incertitude sur le nombre de députés Les Républicains prêts à soutenir la réforme, l'exécutif redouble d'efforts et d'arguments pour obtenir une majorité, afin de ne pas avoir à recourir au 49.3. 

Appel à la responsabilité adressé à la droite

Interrogée lors de la séance de Questions au gouvernement par le président du groupe Démocrate, Jean-Paul Matteï, selon lequel la réforme des retraites vise à "sauver notre régime par répartition". La Première ministre a profité de l'occasion pour appeler à la responsabilité et dire sa conviction qu'"une majorité existe" pour voter le texte, en filant l'anaphore. 

"Une majorité existe, qui croit au travail y compris au travail des seniors. Une majorité existe, qui croit au système de retraite par répartition, et qui veut garantir à notre jeunesse qu’elle en bénéficiera", a martelé Elisabeth Borne.

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En conclusion, la cheffe du gouvernement s'est ensuite tournée vers la droite de l'hémicycle, assurant aux députés Les Républicains que voter la réforme n'était "pas un soutien au gouvernement", mais un simple scrutin "sur ce projet, sur ce projet seulement".

Dialogue de sourds avec la gauche

Pas de quoi convaincre les opposants à la réforme, notamment à gauche. Interrogeant à son tour Elisabeth Borne, le président du groupe Gauche démocrate et républicaine, André Chassaigne, a une nouvelle fois accusé le gouvernement de "passer en force", dénonçant un "PLFSS rectificatif qui limite le temps du débat par l'article 47-1 de notre Constitution. Ensuite, le refus d'ouvrir le maximum d'heures de débats dans l'hémicycle. Ce fut encore l'utilisation du vote bloqué au Sénat. Et c'est toujours la menace du 49-3".

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Renvoyant la Nupes à sa stratégie, Elisabeth Borne a répondu : "Vous appelez au respect du Parlement, mais assumez que c'est vous, depuis des semaines, qui opposez la légitimité de la rue à celle du Parlement", reprochant à la gauche "une stratégie globale de blocage".

Elisabeth Borne a aussi répondu à l'élu communiste en ripostant sur le fond : "Assumez que voter contre cette réforme, c'est dire à 1,8 million de retraités que leur pension n'augmentera pas en moyenne cet été de 600 euros par an. Assumez que voter contre cette réforme, c'est dire à des Françaises et à des Français qui ont commencé à travailler avant 16 ans, qu'ils devront travailler 45 ans, alors que nous leur proposons de partir plus tôt, en travaillant moins longtemps", a-t-elle notamment déclaré. 

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Demain, à 9 heures, la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte commun à l'Assemblée nationale et au Sénat se réunira dans les murs du Palais Bourbon. En cas d'accord, celui-ci devra ensuite être validé en séance publique jeudi matin par les sénateurs et jeudi après-midi par les députés, afin de permettre une éventuelle adoption définitive de la réforme par le Parlement.