Maintien des élections régionales et départementales : à l'Assemblée, qui est pour ? qui est contre ?

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AFP
par Ariel Guez, le Jeudi 8 avril 2021 à 11:06, mis à jour le Mardi 13 avril 2021 à 08:47

Alors qu'un débat sur le maintien des élections régionales et départementales aura lieu ce mardi 13 avril au Palais Bourbon, les partis politiques avaient jusqu'à la semaine dernière pour donner leur avis au gouvernement. Tour d'horizon des positions. 

Votera-t-on les 13 et 20 juin prochains ? C'est la question que tous les responsables politiques se posent, à presque deux mois du premier tour des élections départementales et régionales. Ces élections auraient dû être organisées en mars 2021, mais ont été décalées une première fois en raison de la situation sanitaire. Lors de la présentation à l'Assemblée nationale du troisième confinement début avril, le Premier ministre Jean Castex a indiqué qu'un débat aurait lieu au Parlement sur le maintien ou non des scrutins. Les députés en discuteront ce mardi 13 avril et les sénateurs le lendemain.

En amont de ce débat, alors que la situation sanitaire reste incertaine, le gouvernement a demandé aux partis politiques de faire des suggestions sur les modalités d'organisation du scrutin. LCP fait le point sur les positions des principales forces politiques du pays représentées au Palais Bourbon. 

Les Républicains veulent un "protocole sanitaire adapté"

A droite, les Républicains plaident pour un maintien des élections régionales et départementales en juin avec "un protocole sanitaire adapté" et une adaptation des règles de publicité et de remboursement des dépenses. Les responsables LR saluent plusieurs recommandations du comité scientifique, notamment "l'obligation de vaccination ou de détention d'un test négatif" pour les membres des bureaux de vote, ou la suggestion de créer "une file d'attente spécifique" pour les personnes vulnérables.

Damien Abad, Chrisitian Jacob et Bruno Retailleau proposent en outre d'autoriser les candidats "à se déplacer librement dans leur circonscription" pour leurs visites de terrain et de leur permettre de tenir des réunions "dans les mêmes règles que les associations qui peuvent  tenir des assemblées générales en présentiel", alors que les rassemblements publics et les déplacements au-delà de dix kilomètres du domicile sont interdits au moins jusqu'à début mai. Enfin, LR demande que "des plages de diffusion plus importantes" soient imposées sur les chaînes de télévision régionales pour que les candidats s'expriment et débattent entre eux, et que des clips d'information soient diffusés à la télévision et sur internet "pour promouvoir la procuration rapide."

Un peu plus au centre, au sein de l'Union des démocrates et des indépendants (UDI), une majorité d'élus est favorable au maintien. A l'Assemblée nationale fin mars, le député Pascal Brindeau martelait devant la presse que les élections devaient avoir lieu en juin. Le président du groupe parlementaire et du parti, Jean-Christophe Lagarde, plaide également pour que les électeurs soient convoqués dans deux mois, nous explique son entourage. Mais "quelques voix dissonantes" se font entendre. Au Sénat, Nathalie Goulet, sénatrice de l'Orne et candidate en Normandie, plaide depuis des semaines pour un report des scrutin. "Les maintenir en juin créerait une rupture d'égalité entre les candidats", expliquait-elle notamment.

Pour la gauche, il est possible d'organiser le scrutin, mais sous conditions

Du côté de La France insoumise, Adrien Quatennens et Jean-Luc Mélenchon sont également en faveur du maintien des élections et rejoignent plusieurs des propositions avancées par LR. Ainsi, outre la mise en place de purificateurs d'air dans les bureaux de vote, la liberté de circulation des candidats et une plage horaire privilégiée pour les personnes vulnérables le jour du scrutin, ils recommandent également l'organisation de débats sur le service public de l'audiovisuel. 

Les insoumis demandent aussi l'envoi, à la charge de l'Etat, d'une deuxième proposition de foi et la mise en place d'une campagne publique d'appel au vote présentant les mesures sanitaires dans les bureaux de vote. Surtout, ils plaident pour une vaccination des assesseurs et la distribution gratuite de masques FFP2 les jours de vote. 

Dans le courrier qu'il a adressé au Premier ministre, le Parti socialiste pose trois critères préalables à un maintien des élections : la sécurité sanitaire, le bon déroulement de la campagne électorale et la sincérité du scrutin. Comme LR et LFI, les socialistes souhaitent "que l’ensemble des membres des bureaux de votes puissent être considérés comme des personnes prioritaires pour la vaccination" et une "mobilisation des moyens de l'audiovisuel public." "S’agissant des horaires de vote, une plus grande amplitude horaire, tout comme une plage horaire pour les personnes vulnérables, ou à défaut, une file d’attente prioritaire, recueillent notre assentiment", écrivent Patrick Kanner, Olivier Faure et Valérie Rabault, qui proposent en outre un assouplissement des règles de procuration.

Pour les communistes, le patron du PCF et député du Nord, Fabien Roussel, estime lui aussi qu'il est possible de maintenir les élections en juin. Si tel était le cas, "un protocole énonçant clairement les règles d'organisation de ces réunions doit être élaboré et mis le plus tôt à disposition des candidat.e.s et partis politiques", indique-t-il. Si Fabien Roussel rejoint plusieurs des propositions des autres partis politiques, il se prononce contre l'extension des plages d'ouverture des bureaux de vote. "Elle rendrait encore plus complexe la participation d'un nombre suffisant d'électeurs à la tenue des bureaux de vote et les maintiendrait dans un même lieu, clos par nature, plus longtemps", explique-t-il dans son courrier à Jean Castex. 

LaREM plutôt favorable au maintien, Richard Ferrand, le MoDem et Agir plaident pour le report

Début avril, dans son rapport aux chefs des groupes parlementaires, le gouvernement était clair : "À ce stade, c’est le scénario du maintien des élections aux dates prévues qui est privilégié", pouvait-on lire. Et à l'Assemblée, LaREM est plutôt en faveur du maintien des scrutins... sans pour autant complètement fermer la porte à un éventuel report. "J'espère qu'elles auront lieu en juin (...) Il faut consulter les maires pour savoir s'ils se sentent prêts à organiser les élections dans des conditions sanitaires qui protègent les Français", a affirmé le président du groupe majoritaire Christophe Castaner sur France 2 jeudi 8 avril. 

En revanche, le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, est favorable à un report des élections à l'automne. Avec un report au "tout début du mois d'octobre 2021, nous pourrions bénéficier pleinement des effets de la vaccination de la moitié de nos compatriotes dès la fin de l'été, comme l'a annoncé le président de la République, et offrir à tous les candidats la possibilité de mener une campagne électorale normale", explique Richard Ferrand dans un courrier envoyé au Premier ministre. 

L'élu du Finistère sait qu'un report aussi loin dans le temps ne fait pas consensus : "à défaut d'octobre, très subsidiairement, les 20 et 27 juin (lui) semblent plus favorables que les 13 et 20 juin", dit-il. 

De son côté, le MoDem plaide fermement pour un report des élections à l'automne 2021. "Nous avons consulté les maires des circonscriptions du groupe MoDem à l'Assemblée :  80% disent qu'ils ne peuvent pas organiser les élections. Organisons ces élections après l'été, lorsque des millions de Français auront été vaccinés", a notamment déclaré sur France Info François Bayrou, le président du parti. Des propos partagés sur les réseaux sociaux par le président du groupe MoDem Patrick Mignola, qui plaidait déjà pour un report du scrutin.

Du côté du groupe Agir Ensemble, une "légère majorité" des députés souhaite le report des scrutins, nous indiquait-on ce jeudi. Fin mars, le président Olivier Becht estimait dans les colonnes du Figaro que les conditions ne sont pas réunies pour mener campagne, et plaidait pour un report du scrutin, mais en 2022. 

Marine Le Pen a elle aussi demandé le maintien des élections régionales

Pour le Rassemblement national, Marine Le Pen a elle aussi demandé le maintien des élections régionales, en réclamant de "grandes campagnes d’information sur les procurations, pour que les gens qui sont fragiles ou inquiets d’aller voter puissent le faire".

Du côté du groupe Libertés et Territoires, les députés "soutiennent, dans leur très grande majorité, le maintien des dates de ces élections", explique dans son courrier au Premier ministre le président Bertrand Pancher

Quant aux députés non-inscrits, "la plupart" des députés du collectif EDS sont en faveur d'un maintien des élections en juin, dont Matthieu Orphelin, candidat dans Les Pays de la Loire sous les couleurs d'EELV. L'équipe de l'ancien député LaREM cite notamment le rapport Debré, avançant le risque de chevauchement des comptes de campagne des régionales et de ceux de la présidentielle.