Loi immigration : le "bouclier qui nous manquait", déclare Emmanuel Macron

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Emmanuel Macron France 5
par Ludovic FAU, le Mercredi 20 décembre 2023 à 21:30, mis à jour le Mercredi 20 décembre 2023 à 21:57

Le président de la République a affirmé mercredi 20 décembre, sur France 5, que la loi sur l'immigration adoptée la veille par le Parlement constitue "un bouclier qui nous manquait" et que le texte représente une réponse aux problèmes qui "nourrissent" le Rassemblement national.

Faute de véritable débat à l'Assemblée nationale, où le projet de loi n'a pas été examiné dans l'hémicycle en raison du vote d'une motion de rejet, c'est Emmanuel Macron, lui-même, qui s'est chargé de l'explication de texte. Mercredi 20 décembre, le président de la République a reçu l'émission C à vous, diffusée sur France 5, à l'Elysée, afin d'effectuer le service après-vente du projet de loi "pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration" et de faire le point sur la situation politique. Au cours de l'émission, le chef de l'Etat a notamment déclaré que la loi sur l'immigration constituait "un bouclier qui nous manquait" et que le texte représentait une réponse aux problèmes qui "nourrissent" les ambitions de victoires électorales du Rassemblement national.

Un texte "utile"

Adoptée la veille au Parlement, cette loi - qui contient de nombreuses mesures que Les Républicains ont réussi à imposer au gré d'un parcours législatif chahuté et qui a été votée par les députés du groupe de Marine Le Pen revendiquant une "victoire idéologique" - a ébranlé la majorité présidentielle. Malgré les modifications apportées à la version initiale du texte, Emmanuel Macron, estime que celui-ci "reste utile" et que certaines dispositions "même si elles ne plaisent pas, ne justifiaient pas de tout bloquer". Ainsi a-t-il considéré que la caution qui sera demandée aux étudiants étrangers n'était "pas une bonne idée", car "on a besoin de continuer à attirer des talents et des étudiants du monde entier".

"Traiter les problèmes qui nourrissent" le RN

Alors qu'environ un quart des députés de la coalition présidentielle n'ont pas apporté leur voix au projet de loi lors de son vote à l'Assemblée nationale et que son adoption a provoqué la démission du ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, le Président a dit "respecter" la décision de ce dernier et avoir "aussi beaucoup de respect pour tous les députés de la majorité qui ont voté une loi qui n'était pas une loi dont ils aimaient toutes les dispositions". Ajoutant : "Que ça heurte certains parlementaires, que ça heurte des ministres, que ça vous bouscule, c'est légitime." Pour éviter que le Rassemblement national arrive au pouvoir, il "faut traiter les problèmes qui le nourrissent" et "montrer qu'il y a une réponse dans le champ républicain conforme à nos valeurs", a-t-il néanmoins argumenté. 

Décourager l'immigration clandestine

Selon lui, la loi vise "très clairement" à décourager l'immigration clandestine qu'il a qualifié de "problème" en France, tout en rejetant l'idée que le pays serait "dépassé par l'immigration". Emmanuel Macron a, en outre, martelé qu'il n'est "pas vrai" que le texte comporte "des dispositions qui sont de nature Rassemblement national". Au contraire, le chef de l'Etat a estimé que l'adoption du projet de loi constitue "une défaite" pour le parti de Marine Le Pen, car il prévoit notamment des régularisations de travailleurs sans-papiers. Au fil de l'émission, le Président a semblé vouloir faire de ce texte controversé une arme contre le RN, expliquant que pour "mieux protéger le pays" il fallait parfois avoir recours à "des choses qui peuvent choquer des gens" mais "qui à [ses] yeux sont efficaces".

Pour tenter d'éteindre les polémiques qui secouent son propre camp, Emmanuel Macron a saisi le Conseil constitutionnel pour qu'il puisse "statuer sur la conformité de tout ou partie de cette loi". 

(Avec AFP)