Législatives : la répartition des circonscriptions à gauche

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Carte UNPES
par Soizic BONVARLETRaphaël Marchal, le Jeudi 5 mai 2022 à 10:07, mis à jour le Jeudi 5 mai 2022 à 19:46

Les négociations multilatérales entre formations de gauche se sont achevées jeudi 4 mai avec l'accord de principe du Parti socialiste pour participer à la "Nouvelle union populaire écologique et sociale" en vue des élections législatives de juin. Outre les discussions sur le fond, une répartition des circonscriptions a été établie. Tour d'horizon territorial de cette répartition des candidatures qui prend acte du rapport de force issu de la présidentielle au sein de la gauche. 

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360 circonscriptions sur le contingent de La France insoumise    

À l'issue des discussions entre la France insoumise et les partis de gauche enclins à entrer dans la "Nouvelle union populaire écologique et sociale" (NUPES), la formation de Jean-Luc Mélenchon, forte du score de celui-ci à l'élection présidentielle, présentera un candidat "maison" dans près de 360 circonscriptions, hors Corse et Outre-mer non encore traitées dans l'accord conclu cette semaine. Accord qui pour être définitivement scellé doit encore être approuvé en interne par le Parti socialiste qui se réunit à cet effet en Conseil national ce jeudi 5 mai en fin de journée.  

Europe Écologie-Les Verts obtient pour sa part une centaine de circonscriptions, dont une trentaine d'entre elles sont réputées gagnables. Parmi celles-ci, la 5ème de Paris, où le secrétaire national du parti, Julien Bayou, sera candidat, et la 9ème de la capitale qui a été réservée à l'ex-candidate à la primaire écologiste, Sandrine Rousseau. Le député du Val-d'Oise Aurélien Taché, élu sous l'étiquette "La République en marche" en 2017, avant qu'il ne quitte le groupe en 2020 et rejoigne la campagne de Yannick Jadot, sera également investi par la coalition de gauche afin de briguer un deuxième mandat. Autre écologiste à jouer sa réélection sous les couleurs d'EELV et la bannière commune de la NUPES, Delphine Batho, dans sa 2ème circonscription des Deux-Sèvres. Les écologistes espèrent pouvoir constituer un groupe à l'Assemblée, ce qui nécessitera d'obtenir l'élection d'a minima quinze députés.

Pour ce qui est des formations qui bénéficient déjà d'un groupe à l'Assemblée, le Parti communiste présentera des candidats dans 50 circonscriptions, dont les 11 de ses députés sortants, et 5 autres dites gagnables. Le PCF aura notamment un candidat dans la 19e circonscription du Nord, actuellement acquise au porte-parole du Rassemblement national Sébastien Chenu, et qui, de par sa sociologie ouvrière, fait partie des terres que le Parti communiste espère reconquérir.

Parti socialiste : une équation où demeurent quelques inconnues

Pour ce qui est du Parti socialiste, il obtient 70 circonscriptions, dont 25 à 30 seraient à sa portée. La plupart des sortants pourront donc se représenter dans leur circonscription. Parmi les circonscriptions où le PS a ses chances, figure également la quatrième d'Indre-et-Loire, dans laquelle se positionne Laurent Baumel, l'un des négociateurs de l'accord avec La France insoumise, et député de ce territoire de 2012 à 2017.

Deux députés sortants, membres du PS et du groupe "Socialistes et apparentés", ont cependant été mis à l'écart de l'accord. Il s'agit du vice-président de l'Assemblée et député des Pyrénées-Atlantiques David Habib, qui n'a jamais caché sa proximité avec l'ancien Premier ministre Manuel Valls, et de Lamia El Aaraje, un temps députée de la 15ème circonscription de Paris. Le premier a prévu de s'exprimer vendredi matin, une fois que l'accord soumis au Conseil national du PS aura été entériné. La seconde perd la circonscription qu'elle avait gagnée lors de la législative partielle de 2021, avant que l'élection ne soit invalidée par le Conseil constitutionnel. Selon l'accord conclu par les formations de gauche, c'est l'oratrice nationale de La France insoumise, Danielle Simonnet, qui sera candidate dans cette circonscription. Une éviction qui aura vraisemblablement pour effet de faire disparaître le PS de la carte législative de la capitale, alors qu'il dirige la ville. 

Des dissidences en vue ?

Si la réunion du Conseil national prévue ce jeudi à 19h, devrait entériner l'accord conclu avec la "Nouvelle union populaire écologique et sociale", certains membres du PS n'ont pas caché leur opposition à ce rapprochement, qu'ils qualifient, au mieux "de circonstances", au pire, de "reddition". Certains estiment par ailleurs que le nombre de circonscriptions accordées au PS est insuffisant au regard de son implantation territoriale.

Le maire du Mans et ancien ministre de l'Agriculture de François Hollande, Stéphane Le Foll, s'est d'ores-et-déjà proposé pour "conduire la campagne" des dissidents socialistes qui souhaiteraient se présenter en dehors de la coalition de la NUPES. En Occitanie, la présidente PS de la région, Carole Delga, serait également déterminée à pousser pour que se présentent des candidats extérieurs à l’accord.

À Vénissieux, dans la 14ème circonscription du Rhône, c'est la maire communiste, Michèle Picard, qui refuse de retirer sa candidature au profit de Taha Bouhafs, investi sur le contingent LFI. Elle le qualifie dans un communiqué de "candidat parachuté surtout connu sur les réseaux sociaux [qui] a été condamné en première instance pour propos racistes envers une jeune policière".

Si LFI, le PS, le PCF, EELV et Génération.s sont parvenus à un accord de coalition encore inenvisageable il y a quelques semaines, restent donc encore quelques réglages à opérer pour que l'union soit sans faille.