La session extraordinaire terminée, l'Assemblée nationale est entrée en pause estivale pour quelques semaines. L'occasion pour LCP de faire le point sur les effectifs des onze groupes parlementaires et sur l'évolution des rapports de forces, un an après les élections législatives anticipées post-dissolution de 2024.
C'était quasiment il y a un an jour pour jour. Le 18 juillet 2024, les groupes parlementaires de la XVIIe législature, née de la dissolution décidée par Emmanuel Macron, actaient leurs compositions et déposaient leurs déclarations politiques. Qu'en est-il en cet été 2025 ? Les rapports de force ont-ils évolués dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale ? LCP profite de la pause estivale pour faire le point. Et le groupe qui a perdu le plus grand nombre de députés est...
C'est le groupe présidé par l'ancien Premier ministre Gabriel Attal qui s'est le plus affaibli pendant la première année de cette législature, passant de 99 élus en juillet 2024 à 91 élus aujourd'hui. Plusieurs de ses membres de départ ont choisi de rejoindre les non-inscrits, actant ainsi un désaccord avec la ligne du groupe. Parmi eux : Sophie Errante, élue de la 10e circonscription de la Loire-Atlantique. "Si je quitte le groupe aujourd’hui, c'est qu'il est un agrégat de personnalités, qui sont sans doute très intéressantes, mais pas un collectif. Tout le monde se fiche de ce qu'on dit en réunion de groupe", justifiait-elle notamment dans Mediapart en septembre 2024. Sa collègue Stella Dupont (2e de Maine-et-Loire) fera le même mouvement quelques jours plus tard, expliquant dans Le Parisien ne pas souhaité "s'inscrire dans une majorité" soutenant l'action du gouvernement de Michel Barnier. En février 2025, le député apparenté Belkhir Belhaddad (1ère de Moselle) rejoint aussi les non-inscrits, s'opposant à toute modification du droit du sol.
Le groupe Ensemble pour la République a également vu trois de ses membres passer dans le camp d'Horizons. Ce fut le cas, dès septembre 2024, de Charlotte Parmentier-Lecoq (6e du Nord) - nommée ministre, son suppléant Jean Moulliere la remplace depuis - et de Xavier Roseren (6e de la Haute-Savoie). Sur X, la première dit alors vouloir "apporter (sa) contribution" au "travail approfondi" mené par Horizons, sur les enjeux de justice notamment. Ce groupe "incarne une vision moins parisienne, indépendante et connectée à nos besoins sur le terrain, à notre quotidien, et surtout à l’avenir de nos territoires", écrit pour sa part le second. Ils seront rejoints dans leur démarche, et dans le collectif présidé par Paul Christophe, par Philippe Fait (4e du Pas-de-Calais) en juin 2025.
Il faut ajouter à cela, et on y reviendra plus bas, la défaite de la candidate EPR Laurianne Rossi lors de l'élection législative partielle, dans la 9e circonscription des Hauts-de-Seine, organisée après le départ de Stéphane Séjourné, devenu commissaire européen. Au contraire, une nouvelle élection dans la 1ère de l'Isère, qui a abouti à la victoire de Camille Galliard-Minier (en lieu et place de l'Insoumis Hugo Prevost), seule députée qui est venue renforcer le groupe depuis l'été 2024.
Récemment, deux décisions du Conseil constitutionnel ont privé le groupe EPR de deux députés supplémentaires : Jean Laussucq (2e de Paris) et Stéphane Vojetta (apparenté, 5e des Français de l'étranger) ont été déclarés inéligibles pour une durée d'un an, en raison du rejet de leurs comptes de campagne. Ils ne pourront donc pas se présenter aux scrutins à venir, qui doivent se tenir d'ici la mi-octobre. Les futurs candidats étiquetés EPR regagneront-ils ces sièges ?
De son côté, la formation présidée par Marine Le Pen affiche également un nombre de députés en baisse par rapport à juillet 2024. Le groupe, le premier de l'Assemblée nationale, est passé de 126 à 123 élus. En octobre 2024, la démission de Flavien Termet, pour des raisons de santé, avait provoqué l'organisation d'une nouvelle élection législative dans la 1ère circonscription des Ardennes. Or, le Rassemblement national n'était pas parvenu à reconquérir son siège lors du scrutin partiel qui a eu lieu en décembre : arrivé en tête au premier tour, son candidat Jordan Duflot avait été devancé au second (par Lionel Vuibert). En mai dernier, c'est le député sortant Arnaud Sanvert (5e de Saône-et-Loire) qui n'avait pas réussi à conserver son siège lors d'une partielle, organisée à la suite de l'annulation du précédent scrutin par le Conseil constitutionnel en raison d'irrégularités.
La troisième défection est liée à l'exclusion définitive du groupe RN de la députée Christine Engrand (6e du Pas-de-Calais). L'élue avait été épinglée pour avoir utilisé son indemnité de frais de mandat pour régler des dépenses personnelles.
Les troupes emmenées par Mathilde Panot ont, quant à elles, perdu un député cette année, pointant désormais à 71 élus contre 72 en juillet 2024. Il s'agit d'Hugo Prevost (1ère circonscription de l'Isère). Après avoir été exclu du groupe LFI en octobre 2024 pour des soupçons de "faits graves à caractère sexuel", l'élu annonce dans la foulée sa démission de l'Assemblée nationale. "Je mesure la gravité des accusations qui me sont faites. Je m'en suis défendu. Je n'y répondrai pas publiquement", avait-il alors écrit sur X. Lors de l'élection législative partielle qui suivra, le candidat du Nouveau Front populaire, Lyes Louffok, ne parviendra pas à s'imposer face à Camille Galliard-Minier (Ensemble pour la République).
Le groupe présidé par Eric Ciotti, et allié au Rassemblement national, a également perdu un député, en la personne de Brigitte Barèges (1ère du Tarn-et-Garonne). Dans une récente décision, en date du 11 juillet, le Conseil constitutionnel a invalidé l'élection passée et rejeté les comptes de campagne de l'élue, au motif qu'elle avait "bénéficié de concours en nature de la part de la commune de Montauban", ville "dont la candidate était maire durant la campagne électorale". Si l'élection partielle n'a pas encore eu lieu, Brigitte Barèges, déclarée inéligible pendant un an, ne pourra pas se présenter. Reste à savoir qui se présentera et si le groupe UDR parviendra à faire élire un successeur à sa sortante. Pour l'heure, il ne compte plus que 15 députés, contre 16 auparavant, soit le seuil minimum d'élus pour composer un groupe.
En une année, le groupe est passé de 31 à 34 députés. Car forcément, les élus qui ont quitté leur groupe initial se sont liés à une nouvelle entité. Ainsi, ce ne sont pas moins de trois élus ex-Ensemble pour la République qui ont rejoint les troupes de Paul Christophe, qui préside les élus du parti d'Edouard Philippe à l'Assemblée nationale. Comme évoqué plus haut, il s'agit donc de Charlotte Parmentier-Lecoq (6e du Nord) - nommée ministre, son suppléant Jean Moulliere siège dans l'hémicycle -, Xavier Roseren (6e de la Haute-Savoie) et Philippe Fait (4e du Pas-de-Calais).
Eux avaient pris un peu de temps avant de choisir le groupe auquel ils comptaient appartenir sur cette législature. Ainsi après s'être initialement enregistré chez les non-inscrits, les députés Constance de Pélichy (3e du Loiret) et David Taupiac (2e du Gers) ont successivement pris leurs quartiers au sein du groupe Liot, respectivement en juillet et en octobre 2024. Ce ne sont plus 21, mais 23 élus, qui pointent au groupe présidé par Laurent Panifous.
Au sein du groupe de la Droite républicaine, on a enregistré sur l'année qui vient de s'écouler deux arrivées, passant donc de 47 à 48 élus. Après le départ du député Stéphane Séjourné (Ensemble pour la République), c'est la candidate des Républicains, Elisabeth de Maistre qui a remporté l'élection législative partielle dans la 9e circonscription des Hauts-de-Seine. Elle a rejoint en février 2025 le groupe DR de Laurent Wauquiez à l'Assemblée nationale. Idem pour Sébastien Martin (5e de Saône-et-Loire), le candidat divers-droite qui a repris un siège au Rassemblement national en s'imposant, en mai 2025, face au sortant Arnaud Sanvert, dont l'élection avait été précédemment invalidée par le Conseil constitutionnel.
Le groupe DR devrait, à la rentrée, atteindre les 49 élus. En effet, Christelle Minard (2e d'Eure-et-Loir), la suppléante du député Olivier Marleix récemment décédé, est actuellement enregistrée en tant que députée non-inscrite sur le site de l'Assemblée nationale.
Plusieurs groupes ont exactement le même effectif qu'au sortir des élections législatives anticipées de juillet 2024 : le groupe Socialistes et apparentés (66 députés), le groupe Ecologiste et social (38), le groupe Les Démocrates (36) et le groupe de la Gauche démocrate et républicaine (17).
En récapitulant, il s'avère qu'aujourd'hui 12 députés - soit quatre de plus qu'il y a un an - n'appartiennent à aucun des onze groupes de cette XVII législature. On y retrouve six arrivées : les trois anciens d'EPR à savoir Sophie Errante, Stella Dupont et Belkhir Belhaddad. L'élue exclue du groupe RN, Christine Engrand. Le vainqueur de la partielle dans les Ardennes, Lionel Vuibert, a également choisi cette option. Et la suppléante d'Olivier Marleix, Christelle Minard, y est pour l'heure enregistrée.
Les non-inscrits ont aussi constaté deux départs : Constance de Pélichy et David Taupiac, qui ont tous les deux rejoints le groupe Liot.