Fin de vie : les acteurs du secteur des soins palliatifs entendus par la commission spéciale de l'Assemblée nationale

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Intervenants de la table ronde sur les soins palliatifs, le 24 avril 2024 : Valeria Martinez, Michèle Lévy-Soussan, Claire Fourcade et Franck Chauvin
Intervenants de la table ronde sur les soins palliatifs, le 24 avril 2024. De gauche à droite : Valeria Martinez, Michèle Lévy-Soussan, Claire Fourcade et Franck Chauvin - LCP
par Soizic BONVARLET, le Mercredi 24 avril 2024 à 18:31, mis à jour le Jeudi 25 avril 2024 à 10:27

La commission spéciale de l'Assemblée nationale chargée de l’examen du projet de loi relatif à "l’accompagnement des malades et de la fin de vie" a auditionné, ce mercredi 24 avril, les acteurs du secteur des soins palliatifs. Certains ont exprimé leur opposition à l'instauration d'une aide à mourir, tandis que d'autres ont argué d'une continuité entre leur discipline et la possibilité d'accéder à une telle demande formulée par certains patients.

Alors que le projet de loi relatif à "l’accompagnement des malades et de la fin de vie" contient un volet visant à "renforcer les soins d'accompagnement", les professionnels intervenant dans le secteur des soins palliatifs ont été auditionnés, ce mercredi 24 avril, par la commission spéciale présidée par Agnès Firmin Le Bodo (Horizons).

Fin de vie et "toute-puissance" médicale

Qualifiant cette médecine de "révolution", la présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap), Claire Fourcade, a rappelé que cette pratique de soins a dénoncé dès son origine "le scandale de laisser mourir dans la douleur, la solitude ou la peur, en même temps que le scandale de faire mourir".

Les soins palliatifs sont un progrès inouï du troisième millénaire : vivre dignement jusqu’à la mort. Claire Fourcade (Société française d’accompagnement et de soins palliatifs)

"500 personnes meurent chaque jour en France sans avoir eu accès [aux soins palliatifs]", a aussi déploré Claire Fourcade, avant de mettre en garde les députés. "Cette loi en l’état, est celle de la toute-puissance médicale. L’Etat doit-il donner aux médecins le pouvoir de dire : parce que vous voulez mourir, je vais vous tuer ?", s'est-elle aussi exclamé.

"La toute-puissance n’est-elle pas aussi de refuser par principe toute volonté exprimée librement et de façon éclairée, d’être aidé à mourir ?" a, quant à lui, interrogé le rapporteur général de la commission spéciale, Olivier Falorni (Démocrate). "Nous n’avons pas peur de soulager, et de faire ce qu’il faut pour soulager", a alors répondu celle qui est médecin en unité de soins palliatifs. "Nous n’avons pas peur d’utiliser les doses qui seront nécessaires, y compris si cela doit raccourcir la vie, l’objectif est de soulager toujours".

Soins palliatifs et aide à mourir, rupture ou continuité ?

"Je suis de ceux qui pensent qu’il n’y a pas d’opposition entre les soins palliatifs et l’aide à mourir", avait considéré un peu plus tôt Olivier Falorni, lors de l'audition du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie. "À notre connaissance il n’y a aucun pays qui a réduit l’investissement dans les soins palliatifs en présence d’une aide à mourir, bien au contraire", a abondé sa directrice, Giovanna Marsico.

"Je suis médecin (...) je suis favorable à ce texte, et ce n'est pas pour ça que j'ai la seringue entre les dents" a, pour sa part, expliqué Jean-Pierre Pont (Renaissance) aux pourfendeurs du texte. "On n'oppose par les deux", a-t-il aussi argué à propos des soins palliatifs et de l'aide à mourir tels qu'envisagés dans le cadre du projet de loi. "C'est d'abord les soins palliatifs, et c'est au bout du bout, à la demande expresse du malade, qu'on accède à sa volonté".

Alors que Franck Chauvin, qui préside l’instance de réflexion stratégique chargée de préfigurer le plan décennal sur les soins palliatifs, a vanté dans cette programmation "un plan de santé publique majeur en France pour les dix années qui viennent", Michèle Lévy-Soussan, responsable de l’unité mobile d’accompagnement et de soins palliatifs de la Pitié-Salpêtrière, a qualifié le projet de loi d'"ambitieux" en matière de soins d'accompagnement. Ceux-ci visent une prise en charge précoce du patient, dans un parcours personnalisé, y compris en amont de la phase palliative en tant que telle.

La commission spéciale poursuivra ses auditions préparatoires à l'examen du texte jusqu'à la semaine prochaine. A partir du 13 mai, les députés de la commission étudieront les articles du projet gouvernemental et les amendements déposés sur celui-ci. Puis, le texte sera débattu, en première lecture, à partir du 27 mai dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.