Covid-19 : un rapport parlementaire avance des pistes pour aider le secteur de l'événementiel

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Patricia Huchot-Boissier / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
par Maxence Kagni, le Mercredi 19 janvier 2022 à 09:35, mis à jour le Mercredi 19 janvier 2022 à 12:20

Au lendemain des nouvelles annonces du Premier ministre Jean Castex pour aider les secteurs sinistrés par la crise sanitaire, la mission d'information sur l’impact de la crise de la Covid-19 sur le secteur événementiel a présenté ses conclusions. Les deux rapporteurs, les députés Corinne Vignon (LaREM) et Philippe Naillet (Socialistes) demandent un "soutien spécifique" pour la filière.

Comment mieux venir en aide à un secteur économique durement touché par la crise sanitaire ? C'est à cette question qu'ont tenté de répondre Corinne Vignon (La République en marche) et Philippe Naillet (Socialistes). Les deux élus ont rédigé un rapport "sur l’impact de la crise de la Covid-19 sur le secteur événementiel", un secteur d'activité qui regroupe les événements professionnels et "les grands événements privés que sont les mariages". Sont ainsi concernés les traiteurs, les fabricants et poseurs de stands, les extras, les hôtesses d'accueil, la sécurité ou encore les gestionnaires de salles. Ce travail, qui a nécessité l'audition d'une cinquantaine d'entreprises, a été présenté mercredi matin devant la commission des affaires économiques.

"Cette crise a brutalement et durablement touché la filière en la laissant presque exsangue, a expliqué en préambule Corinne Vignon. Mais elle a révélé en creux toute l'importance que ce jeune secteur a pris dans l'économie de notre pays." L'élue "La République en marche" de Haute-Garonne fait état en 2019 de 230.000 réceptions de mariages, 1.200 salons et foires-expositions, ou encore 380.000 événements d'entreprises. Le tout fait travailler chaque année "au moins 455.000 emplois directs et indirects" pour un chiffre d'affaires de 20 milliards d'euros pour ces acteurs et de 19,5 milliards pour l'économie touristique et le commerce local.

Seulement, explique la députée, lors du premier confinement de mars 2020, les listes S1 et S1 bis, qui "ont désigné les activités les plus impactées" et qui ont permis de bénéficier des aides de l’État, ont oublié certains acteurs de la filière. "Il a fallu attendre novembre 2020 pour que [ces professionnels] soient enfin reconnus." Or, explique l'élue, "tous les professionnels de la filière ont perdu entre 80 et 100% de leur chiffre d'affaires et à nouveau autour de 70% sur le premier semestre 2021". Corinne Vignon ajoute que les nouvelles restrictions de novembre 2021 "sont venues encore aggraver le bilan".

De multiples aides

Pour autant, la députée de la majorité n'a pas souhaité accabler le gouvernement. Bien au contraire. Depuis novembre 2020, affirme l'élue, les entreprises de l'événementiel ont bénéficié de la "prise en charge totale de l'activité partielle et des aides renforcées du fonds de solidarité". Elles peuvent désormais toucher de "nouvelles aides coûts fixes" et l'État prend en charge à 100% le chômage partiel jusqu'au 31 janvier 2022 pour les secteurs S1 et S1 bis.

Corinne Vignon assure par ailleurs qu'un accord "est sur le point d'aboutir avec la Banque de France" : il permettra aux TPE ayant contracté un prêt garanti par l’État (PGE) de "bénéficier d'un report du début de remboursement à fin 2022 voire d'un étalement du remboursement jusqu'à 10 ans".

La députée LaREM a également rappelé les annonces formulées la veille par le Premier ministre Jean Castex. Les entreprises de moins de 250 salariés des secteurs de l'hôtellerie, de la restauration, des agences de voyages et de l'événementiel pourront bénéficier d'une "aide exceptionnelle au paiement des cotisations salariales représentant 20% de leur masse salariale brute lorsqu'elles ont perdu plus de 30% de leur chiffre d'affaires en décembre et janvier". Les entreprises qui subissent plus de 65% de pertes de leur chiffre d'affaires pourront quant à elles "obtenir, en plus de cette aide, l'exonération de leurs charges patronales et la prise en charge totale de l'activité partielle".

Hausse des salaires

Les deux rapporteurs demandent au gouvernement d'aller plus loin. Ils réclament un "soutien spécifique" pour la filière : "Il s'agit d'aider ces entreprises non plus à survivre mais à rebondir, en leur offrant le temps de sortir de la crise, la marge financière et le minimum de sécurité nécessaire à leur investissement." Autre mesure souhaitée, "pour encourager ces acteurs à réinvestir sans crainte d'une nouvelle crise" : la création d'un "fonds de garantie ou d'un mécanisme assurantiel pour indemniser les pertes de recettes consécutives à des restrictions administratives ou annulations en masse".

La filière doit aussi faire "revenir les personnels compétents et les fidéliser" : depuis la survenue de la pandémie, les entreprises font face à une pénurie de main d’œuvre. Il faut donc, explique Corinne Vignon, "travailler sur les formations initiales et continues et sur la revalorisation des rémunérations tout en préservant leur soutenabilité pour les employeurs".

Les deux rapporteurs proposent aussi de constituer une "fédération interprofessionnelle des syndicats et organisations représentatives des métiers de l'événementiel et des mariages". Une proposition qui risque toutefois, selon le député "MoDem" Jean-Luc Lagleize, de "faire primer les intérêts de quelques grandes entreprises de l'événementiel sur celui des très nombreuses PME du secteur".

Afin que l’État "connaisse mieux l'ampleur et les spécificités de cette chaîne de valeur", il faudrait aussi "affiner et compléter l'appareil statistique de l’État" : "Jean-Baptiste Lemoyne [le ministre délégué chargé du Tourisme et des PME, ndlr] nous a assuré que ses services y travaillent", a expliqué Corinne Vignon mercredi matin.

Face à l'éclatement des référents, "qui affaiblit les démarches" des entreprises, les députés jugent nécessaire de "désigner un interlocuteur ministériel unique pour la filière événementielle". Corinne Vignon juge enfin nécessaire de mettre en place un "dispositif public d'information et d'orientation traitant de l'ensemble des aides nationales et décliné au niveau territorial".