Retraites : selon Pierre Moscovici, "il faut bien une réforme"

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par Maxence KagniSoizic BONVARLET, le Mercredi 25 janvier 2023 à 16:15, mis à jour le Jeudi 26 janvier 2023 à 11:32

Le premier président du Haut conseil aux finances publiques, auditionné par la commission des finances de l'Assemblée nationale, affirme qu'"en l'état", le système de retraite n'est "pas soutenable". Pierre Moscovici estime que sans réforme, la dette française augmenterait de "manière significative".

Pierre Moscovici insiste sur l'importance "d'une" réforme des retraites. Auditionné mercredi 25 janvier par les députés de la commission des finances, le premier président du Haut conseil des finances publiques (HCFP) a mis en garde face à un système des retraites qui "en l'état" n'est "pas finançable" et  "pas soutenable".

Selon l'ancien ministre socialiste, "il faut bien une réforme" même si "ce n'est pas [au Haut conseil] d'en choisir les modalités". 

"Montagne de dettes"

Au moment d'entrer dans la zone euro, précise Pierre Moscovici, "on était à 58 points de dette pour la France comme pour l'Allemagne". Vingt ans plus tard, alors que la dette de l'Allemagne a augmenté de 10 points, celle de la France a progressé de 55 points.

Si on a un mur d'investissements devant nous et une montagne de dettes, on a un vrai problème. Pierre Moscovici

La position de Pierre Moscovici semble assez proche de celle de majorité présidentielle : "Quelle que soit la réalité de la situation économique des années à venir (...) la nécessité de la réforme est évidente dans l'ensemble des scenarii envisagés", a réagi mercredi Marina Ferrari (Démocrate). 

"Quand les dépenses de retraites représentent un quart du PIB, il est évident que c'est l'ensemble de nos finances publiques qui sont impactées", a pour sa part estimé Mathieu Lefèvre (Renaissance)

Pierre Moscovici précise que la réforme des retraites présentée par le gouvernement aura "un impact" sur les finances publiques : "S'il n'y avait pas de réforme des retraites, alors à ce moment-là la dette [augmenterait] de manière significative d'ici à 2027." Toutefois, précise le président de la cour des comptes, la réforme ne fera pas fondre la dette française : "En toutes hypothèses, ça devrait laisser la dette sur une trajectoire assez plate jusqu'en 2027."

Pierre Moscovici a indiqué que la réforme coûtera en 2023 à l’État 400 millions d'euros. Selon lui, "le coût des mesures va plus vite que les recettes générées par l'implantation de la réforme seulement en fin d'année".

Informations "partielles"

Pierre Moscovici a toutefois regretté une saisine "particulièrement étroite" du Haut conseil par le gouvernement : au-delà des conséquences de la réforme sur l'année 2023, les informations qui lui ont été transmises ont été "très partielles", a souligné le président de la Cour des comptes. Le HCFP n'a donc pas pu analyser en détail toutes les conséquences de la réforme.

Le Haut conseil n'a pas été en mesure d'évaluer l'incidence de moyen terme de la réforme des retraites sur les finances publiques. Pierre Moscovici

Pierre Moscovici a également estimé que la prévision de croissance retenue par le gouvernement dans la réforme (1%) "reste élevée". Autre critique : "La prévision d'inflation [retenue] pour 2023 est plus faible que la moyenne du consensus des économistes.

Trouver de "nouvelles ressources"

"Je pense que ce n'est pas au système de retraites de payer les déficits de l’État", a de son côté réagi le président de la commission des finances Eric Coquerel (LFI). Opposé à la réforme du gouvernement, l'élu de Seine-Saint-Denis estime qu'il faut trouver "de nouvelles ressources adossées aux revenus du capital".

Je ne vois pas comment on fait des investissements à long terme sans s'endetter. Eric Coquerel

Le député La France insoumise David Guiraud a, pour sa part, argué du "coût social de cette réforme". L'élu a indiqué que l'OFCE chiffrait à 277 000 le nombre de chômeurs supplémentaires pour un coût estimé à 2,8 milliards d'euros, "quand la DRESS estime à 3,5 milliards d'euros la conséquence d'un report de l'âge légal de la retraite".

Ce que, en d'autres termes, on ne paiera pas en retraites, on le paiera en minima sociaux et en charges. David Guiraud

L'élu Rassemblement national Philippe Lottiaux a, quant à lui, dénoncé les "coûts supplémentaires" de la réforme sur "le régime d'assurance chômage, le régime d'assurance maladie et d'invalidité, les collectivités territoriales". 

Les députés de la commission des finances examineront, pour avis, le texte de la réforme des retraites vendredi 27 janvier.