Présidentielle : le grand écart des propositions sur les retraites

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Photo d'illustration (Philippe Roy / Aurimages)
par Jason Wiels, le Mardi 22 mars 2022 à 10:13, mis à jour le Samedi 26 mars 2022 à 15:04

Trois grandes familles de candidats s'affrontent sur une éventuelle réforme des retraites, notamment autour de l'âge légal de départ.

Ceux qui prônent un recul de l'âge de départ

Sur les douze prétendants à l'Élysée, trois souhaitent repousser l'âge légal pour liquider ses droits à la retraite. Emmanuel Macron et Valérie Pécresse visent un report à 65 ans et Éric Zemmour à 64 ans, contre 62 ans aujourd'hui.

Le président de la République sortant a expliqué que ce recul serait progressif et concernerait pleinement les générations nées à partir de 1969. Pour ceux qui bénéficient aujourd'hui d'un départ anticipé à 60 ans (carrière longue, métier pénible, régimes spéciaux), le curseur se déplacerait progressivement à 62 ans.

Sa concurrente Les Républicains vise, elle aussi, un report à 65 ans "à l'horizon 2030", avec "la prise en compte de la pénibilité et des carrières longues". Valérie Pécresse propose également de cumuler emploi et retraite "sans limite" et que les carrières complètes ne puissent être inférieures au Smic (1269 euros à date). Emmanuel Macron veut lui aussi une retraite plancher, autour de 1100 euros.

Du côté d'Éric Zemmour, le passage à 64 ans s'opérerait par l'ajout d'un trimestre par an à partir de 2023. Les retraites inférieures à 1300 euros seraient exonérées de CSG et de CRDS pour les revaloriser "jusqu'à 600 euros par an". Enfin, comme Valérie Pécresse, le candidat de Reconquête augmenterait les pensions de réversion pour les personnes veuves de 54 à 75% de celle du conjoint décédé.

Ceux qui prônent le statu quo

Avec des nuances, cinq autres candidats veulent maintenir à 62 ans l'âge de la retraite. Yannick Jadot ne veut "en aucun cas [reporter] l'âge légal de départ" et garantit qu'aucune personne âgée ne vivra sous le seuil de pauvreté (1113 euros mensuels pour une personne seule en 2021). Les personnes aux métiers pénibles pourraient enfin "partir plus tôt à la retraite".

Anne Hidalgo compte rétablir quatre critères de pénibilité supprimées sous le quinquennat (la manutention de charges lourdes, les postures pénibles, les vibrations mécaniques et l’exposition aux agents chimiques). L'allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA, pour les carrières incomplètes) et le minimum contributif (carrières complètes) auraient chacun un seuil plancher fixé respectivement à 1000 et 1200 euros.

Pour Nicolas Dupont-Aignan aussi, "le recul de l’âge minimum de départ à la retraite n’est pas le levier adapté pour assurer la survie de notre système". Le candidat Debout la France prône l'indexation, a minima,  des pensions sur l'inflation et veut priver les étrangers qui n'ont pas cotisé au moins dix ans en France de toucher l'ASPA. Quant à Jean Lassalle, il compte interdire "toute discrimination fiscale ou sociale" envers les retraités, prenant l'exemple de la majoration sur la CSG imposée sur les pensions supérieures à 2000 euros par Emmanuel Macron.

Il y a cinq ans, Marine Le Pen souhaitait un retour à 60 ans pour tous. Désormais, elle ne compte ouvrir cette possibilité que pour les carrières longues, à savoir ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans pendant au moins 40 ans. Pour les autres, elle refuse "tout allongement de l'âge de départ", une indexation des pensions sur l'inflation et une revalorisation de l'ASPA à 1000 euros.

Ceux qui prônent un avancement de l'âge de départ

Les quatre candidats qui veulent restaurer l'âge de départ à 60 ans – seuil en vigueur jusqu'à la réforme des retraites de 2010 – sont tous à gauche de l'échiquier politique. Jean-Luc Mélenchon rétablirait ainsi la retraite à 60 ans à taux plein pour 40 annuités de cotisations. Le RSA serait pris en compte pour valider des trimestres et les pensions ne pourraient être inférieures au Smic revalorisé pour une carrière complète (1400 euros net, selon son programme).

De son côté, Fabien Roussel vise des pensions fixées à 75% du revenu net d'activité, dans le secteur public comme dans le secteur privé. Le calcul se ferait sur les dix meilleures années de carrière (ou les six derniers mois de traitement pour les fonctionnaires, au choix). Nathalie Arthaud veut porter dans un même mouvement le Smic et les pensions à minimum 2000 euros, avec à terme une indexation des pensions sur les salaires. Enfin, Philippe Poutou vise lui aussi un régime général à 60 ans pour tous, avec des exceptions dès 55 ans pour les métiers pénibles.