Motions de censure : le gouvernement reste en place à 9 voix près, la réforme des retraites adoptée

Actualité
par Soizic BONVARLETRaphaël Marchal, Maxence Kagni, Zacharie LEGROS, le Lundi 20 mars 2023 à 13:40, mis à jour le Mardi 21 mars 2023 à 16:00

Les motions de censure débattues à l'Assemblée nationale, lundi 20 mars, n'ont pas été adoptées par les députés. L'une était présentée par le groupe Liot associé à la Nupes, l'autre par le RN. Les députés LR, qui possédaient la clé du scrutin, ont été 19 (sur 61) à voter la première motion, qui a recueilli 278 voix sur les 287 nécessaires pour faire tomber le gouvernement. 

Le sort du gouvernement d'Elisabeth Borne et de la réforme des retraites se seront joués à 9 voix près... Malgré une addition de voix allant de la Nouvelle union populaire écologique et sociale au Rassemblement national, en passant par un tiers des députés Les Républicains, la motion "transpartisane" présentée par le groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires a échoué à être adoptée. 

La Première ministre avait, jeudi 18 mars, engagé sa responsabilité en déclenchant l'article 49 alinéa 3 de la Constitution sur le projet de réforme des retraites. Aucune motion de censure n'ayant été adoptée par l'Assemblée nationale, le gouvernement reste en place et la réforme est définitivement adoptée par le Parlement.  

Une motion "transpartisane" qui échoue à 9 voix près

C'est Charles de Courson (Liot) qui a défendu à la tribune la motion à l'initiative de son groupe, co-signée par des représentants des quatre composantes de la Nupes. "Madame la Première ministre, vous avez décidé d'engager votre responsabilité. Et bien nous avons décidé de prendre les nôtres", a expliqué le député de la Marne, avant de déplorer un projet de loi "qui cristallise les tensions, les inquiétudes et la colère de nos concitoyens".

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Dans sa réponse adressée à l'ensemble de la représentation nationale, Elisabeth Borne n'a pas hésité à pointer le fait que Charles de Courson avait par le passé été "partisan de la retraite à 64 ans", ainsi qu'un "opposant notoire au mariage pour tous", tout en dénonçant la Nupes comme étant "prête à toutes les compromissions quand il s'agit de chercher le blocage".

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Une gauche qui a, quant à elle, dénoncé de la part du gouvernement "une corruption profonde du pacte démocratique", selon les mots du président du groupe Socialistes, Boris Vallaud. Peu après, Pierre Dharréville (Gauche démocrate et républicaine) a confié monter à la tribune "tremblant de colère", la sienne et celle du pays, confronté à "une réforme scélérate". "Le peuple vous regarde comme on regarde quelqu'un qui a trahi, dans un mélange de colère et de dégoût", a lancé la présidente du groupe LFI, Mathilde Panot, s'adressant au gouvernement et à sa majorité relative, avant de comparer Emmanuel Macron à Caligula "devenu ivre de son pouvoir".

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19 députés LR ont voté pour la censure

Du côté du groupe Les Républicains, particulièrement scruté tant il détenait la clé du scrutin, c'est son président, Olivier Marleix, qui s'est exprimé, réaffirmant la position de son groupe quant au fait de ne pas voter de motion, conformément à la volonté du président du parti, Eric Ciotti, de "ne pas ajouter du chaos au chaos". "Non, nous ne nous associerons pas à ceux qui ont pour funestes slogans 'Tout cramer' ou 'Révolution'", a affirmé Olivier Marleix.

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Une ligne qui a cependant été transgressée par 19 députés LR sur un total de 61, dont Aurélien Pradié, considéré comme le chef de file de l'opposition de droite au projet de réforme des retraites. Un contingent qui n'a cependant pas suffi à faire adopter la censure, puisque sur les 287 députés requis pour ce faire, 278 ont répondu à l'appel. Ce qui n'a pas empêché Aurélien Pradié d'évoquer au travers de ce résultat "un électrochoc absolument considérable, que le président de la République et la Première ministre ne peuvent ignorer".

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La motion à l'initiative du RN également écartée

Le même sort a été réservé à la motion présentée par le Rassemblement national, qui n'a pour sa part recueilli que 94 voix, celles des 88 membres qui constituent le groupe RN, de Nicolas Dupont-Aignan (non inscrit), et de 3 députés LR qui avaient fait part de leurs intentions de voter les deux motions, à l'instar de Maxime Minot.

Malgré l'issue du scrutin, Marine Le Pen a, à son tour, considéré que le président de la République devrait "à tout le moins présenter aux Français un nouveau gouvernement".

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Les deux motions ayant été rejetées, la réforme des retraites est désormais adoptée par le Parlement. Face à la situation politique et sociale, des consultations ont commencé dès ce lundi soir à Matignon et se poursuivront demain à l'Elysée. Emmanuel Macron recevra notamment les parlementaires de la majorité mardi à 19h30.