Ministère de l'Intérieur : Gérald Darmanin fait le point sur les dossiers de la rentrée devant les députés

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Gérald Darmanin devant les députés de la commission des loi, mardi 20 septembre 2022
Gérald Darmanin devant les députés de la commission des loi, mardi 20 septembre 2022
par Raphaël Marchal, le Mardi 20 septembre 2022 à 18:13, mis à jour le Mardi 20 septembre 2022 à 19:04

Venu présenter sa feuille de route à la commission des lois de l'Assemblée nationale, Gérald Darmanin a expliqué et défendu les mesures prévues par la future loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur. Parmi les nombreux sujets évoqués au cours de son audition par les députés, il a notamment assuré que la lutte contre la délinquance sur la voie publique constituait une priorité.

La rentrée s'annonce chargée pour Gérald Darmanin. Auditionné pendant plus de 3 heures par les députés de la commission des lois, le ministre de l'Intérieur a dévoilé, mardi 20 septembre, les chantiers de la place Beauvau. Il a insisté sur trois priorités, à moyen terme : la réussite de la sécurisation de la coupe du monde de Rugby en 2023 et des Jeux olympiques en 2024, de la prise en compte du réchauffement climatique en matière de sécurité civile et de la baisse de la délinquance. 

Concrètement, c'est ce dernier sujet qui a été le plus longuement abordé, notamment à travers la question des moyens offerts aux policiers et aux gendarmes pour y parvenir. Pointant la hausse des indicateurs - atteintes aux biens et aux personnes -, Gérald Darmanin s'est engagé à obtenir une baisse de la délinquance sur la voie publique dès 2023. Pour ce faire, il compte sur la réorganisation des services de police et de gendarmerie nationales, sur la présence accrue des forces de l'ordre dans la rue, ainsi que sur la hausse des effectifs, notamment prévue par la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur.

Le ministre s'est longuement attardé sur les attendus de cette loi, promise de longue date aux services de la place Beauvau, et qui doit être examiné par le Sénat au début du mois d'octobre. Avec un financement supplémentaire prévu de 15 milliards d'euros d'ici 2027, le texte prévoit le recrutement de 8 500 policiers et gendarmes, doit finaliser la transformation numérique du ministère et permettre aux victimes de porter plainte en visio. Il comporte également un volet cyber et des dispositions propres au métier, comme le renforcement de la filière investigation, en déshérence depuis des années.

Les refus d'obtempérer dans le viseur

Au lendemain de la grave blessure d'un policier, percuté par un automobiliste qui refusait de se plier à un contrôle à Anzin (Nord), Gérald Darmanin a de nouveau apporté son soutien aux forces de l'ordre, déplorant l'ampleur prise par ce phénomène. Le ministre a indiqué que les refus d'obtempérer avaient augmenté de 13 % depuis 2016 et que 41 blessés graves avaient été recensés parmi les policiers et gendarmes depuis le début de l'année suite à ce type d'agissements. 

Enfin, si la lutte contre le terrorisme ne revêt plus le caractère d'urgence qu'elle avait encore sous la dernière législature, Gérald Darmanin a réitéré un message de prudence. Il a ainsi annoncé que huit attentats avaient été déjoués depuis le début de l'année. Au total, 39 projets ont été évités sous le précédent quinquennat. Le ministre de l'Intérieur a, par ailleurs, fait part d'une hausse des signalements concernant des terroristes qui viendraient du Levant ou de l'Afrique subsharienne. Quelque 500 signalements ont été effectués en deux ans auprès des services de renseignement, signe que la menace exogène doit encore être prise au sérieux.

"L'immigration, un sujet complexe"

Interrogé sur les questions d'immigration, le ministre de l'Intérieur a évoqué un sujet "complexe". Il a plaidé pour l'amélioration de l'intégration des travailleurs, parfois confrontés à des "absurdités administratives" du ministère de l'Intérieur. Il a ainsi pris position pour une évolution de la législation, jugeant "choquant" que "seul l'employeur puisse demander la régularisation de la personne qui travaille pour lui".

Gérald Darmanin a estimé que cette exclusivité pouvait placer les travailleurs immigrés dans une position inconfortable et, par exemple, les forcer à accepter des horaires décalés. Il a également trouvé "anormal" que des personnes puissent perdre le bénéfice de leur contrat de travail, du simple fait de la "mauvaise organisation de ses services" dans la transmission des titres de séjour.

Une audition politique

Au-delà du fond, quelques passes d'armes ont émaillés l'audition. Comme lors Ainsi, il en va de cet échange houleux avec Sandra Regol (Écologiste), qui l'interrogeait sur le bien-fondé de son projet de loi d'orientation et de programmation pour les citoyens. Dans sa réponse Gérald Darmanin a assuré qu'il "préférait la gauche Roussel à la gauche Regol".

Passes d'armes encore lorsque le ministre a reproché aux députés insoumis de "blesser" les policiers lorsqu'ils disent que l'institution tue, lorsque Andrée Taurinya (LFI) l'a interpellé sur la rumeur de ses dîners passés avec l'imam Iquioussen, ou encore lors de cette réponse ironique adressée à Éric Ciotti, "en campagne", que Gérald Darmanin a accusé d'avoir "exagéré" des chiffres pour mieux faire valoir sa candidature à la tête du parti Les Républicains.