Le MoDem fait sa rentrée dans l’attente de la "maison commune" de la majorité

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François Bayrou et Marc Fesneau aux journées parlementaires du MoDem, le 9 septembre 2021(GUILLAUME SOUVANT / AFP)
par Thomas Despre, le Jeudi 9 septembre 2021 à 16:44, mis à jour le Jeudi 9 septembre 2021 à 19:55

Pendant trois jours, les élus du groupe MoDem et Démocrates apparentés sont réunis à Cheverny, dans le Loir-et-Cher, pour leurs journées parlementaires de rentrée. Autour de François Bayrou, les conversations ont notamment porté sur le projet de création d’une "maison commune" regroupant les différentes formations de la majorité présidentielle.

C’est à l’ombre du Château de Cheverny que Patrick Mignola, le président des députés centristes, a accueilli ses élus et ses invités mercredi soir en ouverture des journées parlementaires du MoDem. À l’aube de cette dernière rentrée du quinquennat, la météo menaçante n’a pas assombri la sérénité qu’affiche son groupe parlementaire, fort de ses 57 députés – dix de plus qu'au début de la législature.

"Pour une majorité dont on nous disait qu’elle ne tiendrait pas, c’est une des majorités qui a le mieux tenu sous la Ve République", s’est réjoui Marc Fesneau, le ministre chargé des Relations avec le Parlement, lui-même issu du MoDem. Au pupitre de la salle des trophées, les cadres de la majorité ont tour à tour vanté la bonne situation économique du pays, le recul de la quatrième vague de Covid-19 et les bons sondages en faveur du président de la République. Mais gare au triomphalisme ! Comme le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, l’a fait lundi pour la rentrée de La République En Marche, Marc Fesneau a invité les députés et sénateurs centristes à la vigilance :

Quand ça va mal, le risque est que certains quittent le navire. Mais quand tout va bien, il existe un risque que les troupes se dispersent." Marc Fesneau, le 9 septembre 2021

Une invitation à peine voilée à renforcer les liens entre les partis de la majorité présidentielle, avant les échéances électorales de 2022.

Quel plan pour la future "maison commune" ?

Car si les députés MoDem ont dressé un premier bilan du quinquennat et phosphoré sur la démocratie et la sécurité, une sortie de leur leader Francois Bayrou, ce week-end, était au menu de toutes les discussions. Dans une interview au Figaro samedi, le Haut-commissaire au Plan a plaidé pour "un mouvement unitaire et large" afin de rassembler les formations qui soutiennent Emmanuel Macron, de La République en Marche au MoDem en passant par Agir et Territoires de progrès. Une "maison commune du centre" que le maire de Pau appelle de ses vœux depuis l’élection présidentielle de 2017.

Mais quelle forme prendrait cette nouvelle structure qui pourrait voir le jour dans les prochaines semaines ? Malgré l'interview au JDD de Stéphane Séjourné, ex-conseiller du président de la République et député européen, qui plaide pour "bâtir un grand parti démocrate français", personne n’y voit très clair et les intérêts de chacune des formations de la majorité semblent diverger. "Je ne sais pas à quoi ce mouvement pourrait ressembler mais je sais qu’il ne faut pas refaire un parti unique comme l’UMP et l’UDF", avance Patrick Mignola. "Il faut que cette maison commune permette de poursuivre et d’accompagner l’élargissement politique de la majorité", complète Christophe Castaner, le président des députés marcheurs, qui a lui aussi fait le déplacement à Cheverny. 

La présence d'invités tels que le président de la région Normandie et chef de file du mouvement Les Centristes, Hervé Morin, de l’ancien Premier ministre Manuel Valls, ainsi que du maire socialiste de Dijon François Rebsamen pourrait préfigurer cet élargissement. "Dans le monde dans lequel nous vivons, les électeurs ne veulent plus adhérer à des chapelles. Il faut simplifier l’offre politique", a insisté Francois Bayrou devant une poignée de journalistes. Dans son esprit, cette "maison commune" viendrait s’appuyer sur les deux partis alliés de la dernière campagne présidentielle : La République en Marche et le Mouvement Démocrate. "Une démarche collaborative qui garantit que chacune des deux entités ne perdra ni ce qu’elle est, ni ce qu’elle a", espère-t-il. Traduction : hors de question de faire disparaître la marque MoDem ou de renoncer à un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale.

"Quand Bayrou donne cette interview, c’est parce qu’Édouard Philippe accélère sur la création de son parti, analyse un cadre de La République en Marche. Il veut rester central et ne pas se faire bouffer par la nouveauté." "Nos deux forces politiques sont à l’origine de la victoire de 2017. Elles doivent être le socle de ce qui va venir", maintient de son côté François Bayrou. Édouard Philippe présentera son mouvement le 8 octobre prochain. Les fondations de la maison commune seront-elles posées d’ici là ? Personne ne le sait.