Le ministre de la Santé s'inquiète du recul des consultations médicales hors Coronavirus

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Le ministre de la Santé s'inquiète du recul des consultations médicales hors Coronavirus
par Jason Wiels, le Vendredi 10 avril 2020 à 20:10, mis à jour le Vendredi 29 mai 2020 à 15:26

Lors de la réunion de groupe des députés de La République en Marche, qui s'est tenue en visioconférence vendredi, le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, a constaté que les Français allaient beaucoup moins consulter leur généraliste. Il note malgré tout un bond des consultations à distance et promet la transparence totale sur la situation dans les Ehpad confrontés à l'épidémie. 

Face à une crise sanitaire exceptionnelle, Olivier Véran veut rappeler qu'il n'est pas que le ministre du Coronavirus mais aussi celui de la santé des Français en général. Devant quelque 200 députés LaREM réunis vendredi après-midi en visioconférence, le ministre s'est en effet inquiété du "recul de l’accès aux soins" depuis le début du confinement :

On a un recul inquiétant sur les maladies chroniques, la vaccination des nourrissons, le dépistage du cancer du sein, du cancer colorectal. S'il vous plaît, communiquez là-dessus ! On n’a pas besoin de se taper une deuxième vague de maladies chroniques derrière…Olivier Véran, vendredi 10 avril 2020

"Rien n’interdit à un patient d’aller consulter", a redit le ministre. Il faut néanmoins prendre la peine d'appeler son médecin "qui dit s'il y a besoin de venir le voir physiquement ou pas".

Malgré tout, la crise sanitaire est aussi l'occasion de voir les pratiques changer à vitesse accélérée. Olivier Véran salue le décollage vertigineux de la télémédecine : "20 000 téléconsultations l’année dernière, 450 000 la semaine dernière ! Même les infirmiers, les kinés, peuvent faire de la télémédecine."

Transparence totale sur les Ehpad

Interpellé par une députée sur la "situation catastrophique" dans des Ehpad de son département d'élection, il a mis en avant la montée en puissance des tests au sein de ces établissements, où les résidents paient un lourd tribut à la maladie (4.599 morts au 10 avril).

Le plan de dépistage annoncé cette semaine devrait permettre de tester tous les patients et tous les résidents "dès qu'un seul cas est détecté". "On s’appuie sur les départements, sur la réserve sanitaire, pour cela. Il y a des endroits où ça marche très bien, en Gironde par exemple, mais à certains endroits, les laboratoires sont saturés", a-t-il concédé.

Selon lui, les "mesures très dures" prises dans les maisons de retraites sont parmi les plus strictes d'Europe. "On est le seul pays à communiquer sur les morts des Ehpad qui sont liés au coronavirus", a-t-il ajouté.

Toujours "un problème de crédibilité" sur les masques

Sujet lancinant depuis le début de l'épidémie, la doctrine sur les masques continue de susciter des interrogations au sein de la majorité. Un poids lourd de la majorité a interpellé son ancien collègue, Olivier Véran : "On a un vrai problème de crédibilité. Quand est-ce qu’on aura des masques et qu’on devra les mettre ?"

Réponse du ministre :

J'entends que c’est un sujet de préoccupation qui monte. Le port du masque n’est pas la martingale. En Europe, le port du masque était vécu comme une peur ; en Asie, non, c’est vécu comme une protection. Je pense que désormais, la population est mûre pour le voir autrement.Olivier Véran, vendredi 10 avril 2020

Pour autant, Olivier Véran se garde bien de trancher, pour l'heure, sur le port obligatoire du masque, tout en précisant que l'exécutif continue de "mettre le paquet sur la production de masques". Encore faudrait-il que les deux milliards de masques commandés à la Chine soient livrés en temps et en heure : "Si les importations de masques arrivent (ne serait-ce que pour moitié de ce qu’on a prévu), je prévois une embellie", a-t-il affirmé.

Avec Elsa Mondin-Gave et Brigitte Boucher