Laurent Berger (CFDT) : "Le syndicalisme ne se mesure pas au niveau d'emmerdement qu'il crée pour les Français"

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Laurent Berger, le 17/10/2022
par Maxence Kagni, le Lundi 17 octobre 2022 à 20:47, mis à jour le Vendredi 21 octobre 2022 à 18:58

Invité d'Audition publique sur LCP, lundi 17 octobre, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a marqué sa différence avec la CGT, tant en ce qui concerne la grève qui se poursuit chez TotalEnergies qu'au sujet de l'appel à la grève interprofessionnelle pour la journée de mardi, estimant que celle-ci risquait en réalité "d'invisibiliser" les revendications spécifiques des salariés.

"Ce n'est pas la même conception du syndicalisme que nous." Lundi 17 octobre, invité d'Audition Publique sur LCP, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a vivement questionné les grèves qui se poursuivent dans les raffineries de TotalEnergies à l'initiative de la CGT. Il a également critiqué l'appel la grève interprofessionnelle pour la journée de mardi, jugeant que celle-ci risquait "d'invisibiliser" les revendications salariales spécifiques d'un certain nombre de salariés.

"La CFDT a signé un accord après une négociation avec Total sur l'ensemble du groupe, [cela concerne] 14.000 salariés en France", a en préambule rappelé Laurent Berger, qui a ajouté que cet accord, signé par la CFDT et la CFE-CGC, était un accord "majoritaire". Celui-ci contient une "augmentation de 7%" des salaires et une "prime qui va de 3000 à 6000 euros". "Il y a un sujet pour Total, c'est le sujet de sa contribution au bien commun, mais sur les salaires, on ne peut pas dire qu'il n'y a rien eu", a indiqué le patron de la CFDT.

Laurent Berger a refusé de critiquer trop directement la grève reconduite dans les raffineries, à l'initiative de la CGT, avant de préciser toutefois "regretter" cette situation. il a, en revanche, remis en cause les propos de son homologue de la CGT Philippe Martinez, invité lundi matin de France Inter : "Il y a sans doute moins de 1000 grévistes, peut-être moins de 300" à TotalEnergies, a-t-il expliqué. "Je crois que ça ne fait pas du bien au syndicalisme", a-t-il déclaré. "Le syndicalisme, ça se mesure aux avancées que ça obtient pour les salariés qu'il représente et pas au niveau d'emmerdement qu'il crée pour les Français", a expliqué Laurent Berger. 

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Le leader de la CFDT va même plus loin : selon lui, un nouvel accord entre la direction et les salariés (la CGT demande une hausse des salaires de 10%) reviendrait à "mettre par terre la démocratie sociale et le dialogue social dans une entreprise". En estimant, par ailleurs, que les réquisitions, dont certaines ont déjà été ordonnées par le gouvernement, ne sont pas "la meilleure manière de finir un conflit".

Laurent Berger a également critiqué la grève interprofessionnelle prévue mardi : "La journée de demain invisibilise les salariés de Socotec, les salariés des Ehpad, les salariés de Groupama", a-t-il lancé, regrettant qu'"on ne va pas parler demain" de leurs revendications spécifiques. Le secrétaire général de la CFDT pense d'ailleurs que les salariés ne croient pas que "l'action syndicale pour l'augmentation des salaires c'est d'organiser des grandes manifestations interprofessionnelles". Pour obtenir des résultats, les actions et le dialogue doivent, selon lui, se mener au niveau des branches professionnelles et au sein des entreprises.

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