L’Assemblée nationale valide une expérimentation du cannabis thérapeutique

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par Maxence Kagni, le Vendredi 25 octobre 2019 à 11:09, mis à jour le Jeudi 10 février 2022 à 10:44

L'expérimentation de l'usage médical du cannabis, qui devrait débuter au premier semestre 2020 selon la secrétaire d'Etat Christelle Dubos, concernera près de 3.000 patients souffrant de maladies graves.

Les députés ont voté en faveur de l'expérimentation du cannabis thérapeutique pour "une durée maximale de deux ans".

Ce vendredi, l'Assemblée nationale a adopté, dans le cadre de l'examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2020, l'amendement du rapporteur LaREM, Olivier Véran, qui prévoit ce dispositif.

Sur Twitter, le député s'est félicité de voir son amendement "adopté à l'unanimité".

"Ce n'est pas le Graal"

"Cette expérimentation, permettra, je l'espère d'apporter le soulagement à de très, très nombreux malades qui souffrent de douleurs qui ne sont pas ou peu soulagées par des traitements qui sont déjà très lourds", a expliqué Olivier Véran.

L'usage de dérivés du cannabis à but thérapeutique devrait être expérimenté sur 3.000 patients, notamment pour soulager des personnes souffrant de "douleurs neuropathiques", ou encore des malades atteints de sclérose en plaques et de cancers.

Toutefois, a précisé Olivier Véran, "ce n'est pas la martingale, pas le Graal de l'antidouleur". Le but est de "trouver un nouveau traitement antidouleur adjuvant (qui renforce ou complète les effets de la médication principale, ndlr) et d'en déterminer l'effet et l'efficacité en vie réelle auprès d'un panel de malades suffisamment large dans un cadre scientifique".

Autorisé dans 17 pays de l'UE

Lors de la présentation de son amendement, le rapporteur du PLFSS 2020 a tenu à rassurer l'ensemble des députés présents : "Cette expérimentation a été validée par le groupe de travail mis en place par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, sur proposition de la haute autorité de santé, sur demande de la ministre de la Santé, sur sollicitation de collectifs d'usagers et de parlementaires."

Elle se conduira en milieu hospitalier, a ajouté Olivier Véran, qui a expliqué que les prescriptions seront faites par des "médecins spécialistes", "des neurologues, des cancérologues, des spécialistes de la douleur". "17 pays de l'Union européenne ont déjà autorisé les traitements à base de cannabis médical", a-t-il indiqué.

"On verra à l'usage"

Son amendement a été soutenu par le gouvernement, la secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé, Christelle Dubos, envisageant un début de l'expérimentation au "premier semestre 2020".

"Dans un premier temps, les médicaments seront importés de pays dans lesquels le cannabis à usage médical est déjà autorisé", a précisé Christelle Dubos.

La mesure a reçu le soutien du député communiste Pierre Dharréville : "Cela permet de légaliser des situations de fait que nous ne pouvons nier." L'élu des Bouches-du-Rhône a toutefois émis quelques réserves, sur "la filière d'approvisionnement", "la qualité des produits", "la souveraineté sanitaire" ou encore la "localisation des produits".

[Il faut] éviter une forme d'hypocrisie qui voudrait que l'on interdise ici tout en utilisant (ces produits).Pierre Dharréville

Le député Les Républicains du Loiret Jean-Pierre Door a lui aussi soutenu la mesure, "puisqu'un groupe d'experts avait validé le principe au printemps dernier" : "On peut tester l'expérience, on verra à l'usage."