L'Assemblée parlementaire commune veut donner un "nouvel élan" au couple franco-allemand

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par Soizic BONVARLET, le Mardi 23 mai 2023 à 13:11, mis à jour le Mardi 23 mai 2023 à 14:55

Composée de 50 députés français et de 50 parlementaires du Bundestag, l'Assemblée parlementaire franco-allemande s'est réunie, lundi 22 mai, dans l'hémicycle du Parlement européen. Au menu de la séance plénière, co-présidée par Yaël Braun-Pivet et son homologue, Bärbel Bas, la politique étrangère et la sécurité en Europe, ainsi que la question énergétique.

Une "jeune Assemblée", ayant vocation à devenir "le coeur battant" de la coopération parlementaire franco-allemande. C'est ainsi que la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a défini l'Assemblée parlementaire franco-allemande (APFA), créée le 25 mars 2019, et qui se réunit pour siéger à raison de deux fois par an.

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"Le choix de nous réunir à Strasbourg revêt une haute valeur symbolique", a poursuivi Yaël Braun-Pivet pour introduire la session plénière qui s'est tenue lundi 22 mai, évoquant tout à la fois le siège du Parlement européen, où les députés venus des deux rives du Rhin étaient réunis pour l'occasion, et "le point nodal de la réconciliation franco-allemande".

La présidente de l'Assemblée nationale s'est aussi réjouie de la perspective d'un "nouvel élan" dans la coopération franco-allemande, en cette année commémorant le 60ème anniversaire du Traité de l'Élysée, qui avait institué les premières bases de cette association bilatérale destinée à sceller la réconciliation entre les deux pays. La présidente du Bundestag, Bärbel Bas, a pour sa part évoqué une amitié dont "la force", est de "transformer des différences en des progrès pour l'Europe".

Un groupe de travail en vue d'une Europe de la défense

Inscrite à l'ordre du jour de la session plénière, une proposition de délibération pour la création d'un nouveau groupe de travail sur la politique étrangère et la sécurité a suscité des réactions mitigées parmi les députés français. Charles Sitzenstuhl (Renaissance) a salué la volonté de bâtir une "culture de défense commune" de part et d'autre du Rhin. "On est encore loin de l'Europe de la défense" a, pour sa part, admis Delphine Lingemann (Démocrate), "mais il faut que le couple franco-allemand en construise les bases".

Valérie Rabault (Socialistes) a souligné les "traditions différentes" de la France et de l'Allemagne en matière de défense et de diplomatie, et s'est plutôt félicitée qu'un "partage des visions stratégiques" puisse s'exercer au sein de l'APFA.

Hadrien Clouet (La France insoumise) a en revanche fait part de ses réticences quant aux termes mêmes de la proposition de résolution, le groupe de travail ayant vocation à "accompagner la mise en œuvre de la boussole stratégique de l'Union européenne et le renforcement du pilier européen de l'OTAN". Le député LFI a souligné une intention "contradictoire" dans le fait de "réaffirmer l'attachement à l'OTAN et en même temps à une politique de défense européenne".

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Côté allemand, Bärbel Bas a évoqué l'invasion de l'Ukraine en considérant qu'elle constituait "une attaque en règle sur notre architecture européenne de sécurité", d'où la nécessité de trouver "de nouvelles réponses" par le biais d'un nouveau groupe de travail interparlementaire.

Politique énergétique : "construire des passerelles" malgré les désaccords

Lors de la conférence de presse qui s'est tenue à la mi-journée, Yaël Braun-Pivet a évoqué au travers de l'APFA une diplomatie "complémentaire" de celle menée par les chefs d’État. Alors que la relation entre les exécutifs franco-allemand semble avoir connu des jours meilleurs, Bärbel Bas a également fait valoir une "autre façon de procéder", et ce afin de "construire des passerelles" entre les deux gouvernements lorsqu'ils traversent de "petites difficultés".

Parmi les pierres d'achoppement de cette relation franco-allemande, la problématique énergétique, qui a occupé la majeure partie de la séance plénière de l'après-midi, avec l'audition conjointe, en visioconférence, des ministres de l’Economie des deux pays.

Alors que les stratégies divergent, la France faisant passer une large part de la décarbonation de son énergie par la filière nucléaire, à laquelle l'Allemagne a renoncé, les ministres ont cherché à relativiser. Tout en évoquant des "différends", et en réaffirmant le nucléaire en tant que "ligne rouge absolue", Bruno Le Maire a plaidé en faveur d'une politique du compromis. Robert Habeck a également affirmé la nécessité de "ne pas se laisser diviser", le ministre allemand de l’Economie et du Climat estimant qu'il était possible "d'assumer d'avoir des trajectoires différentes", avant d'affirmer que "sur le nucléaire, la réponse c'est la tolérance".

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"Je ne voudrais pas que la question énergétique et, en particulier, celle liée au nucléaire, occulte toutes les coopérations que nous avons mises en place", a pour sa part déclaré Bruno Le Maire, citant le développement d'une technologie commune pour les batteries électriques, des appels à projets binationaux sur l’intelligence artificielle, l'hydrogène, ou encore l'espace, allant jusqu'à évoquer des "socles pour une politique industrielle commune".

Comme d'habitude ce sont les trains qui arrivent à l'heure qui font le moins de bruit, mais il n'empêche que ce sont peut-être ceux qui vont le plus loin, et qui transportent le plus de passagers. Bruno Le Maire

Alors que Patrick Hetzel (Les Républicains) s'est inquiété de "relations commerciales de plus en plus asymétriques" entre la France et l'Allemagne, Bruno Le Maire a fait valoir la baisse des impôts de production impulsée par le gouvernement français, gage de "vraie politique industrielle" qui aurait "renversé" le déséquilibre entre les deux pays. "Pour la première fois depuis 40 ans, on ouvre plus d'usines que nous n'en fermons", a aussi souligné le locataire de Bercy.

Du côté allemand, le ministre a également plaidé pour une coopération accrue en matière industrielle, mais aussi sur le plan de l'environnement. "Non, nous n'en faisons pas assez", a-t-il aussi affirmé à propos du climat et des défis à venir en lien avec la raréfaction de l'accès à l'eau.