Jean-François Cesarini, électron libre de la majorité, est décédé

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Jean-François Cesarini, électron libre de la majorité, est décédé
par Stéphanie Depierre, le Lundi 30 mars 2020 à 08:22, mis à jour le Jeudi 25 mars 2021 à 16:05

Le député La République en Marche du Vaucluse s’est éteint dimanche, à 49 ans, des suites d’une longue maladie. Elu à l’Assemblée nationale pour la première fois en 2017, chef d’entreprise et artiste, il était le fer de lance de l’aile gauche de la majorité présidentielle au Palais Bourbon.

A coups de tribunes dans la presse, de coups de gueule sur les plateaux télé et d'amendements à l'Assemblée, il était devenu le porte-drapeau de l’aile gauche de la majorité à l'Assemblée. Jean-François Cesarini, le député de la 1ère circonscription du Vaucluse, est décédé d’un cancer à l’âge de 49 ans.

Un décès dont le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand a fait part dimanche soir sur Twitter pour exprimer son émotion : "Avec une grande tristesse j’apprends le décès de notre collègue Jean-François Cesarini. Il luttait depuis de longs mois contre la maladie toujours en exerçant son mandat et en défendant ses idées. À sa famille, à ses proches et à son équipe j’adresse mes condoléances émues."

"Chez Jean-François Cesarini, l’altruisme allait de pair avec un profond humanisme", a également écrit Richard Ferrand dans un communiqué. Très vite, de nombreux députés, de toutes tendances politiques, lui ont rendu hommage. Ainsi, le président du groupe La République en Marche de l’Assemblée, Gilles Le Gendre, a salué la mémoire de Jean-François Cesarini : "Homme de convictions, il apportait à notre majorité un regard parfois critique, jamais médiocre."

Depuis plus de deux ans, il menait de front le combat contre la maladie et son mandat de parlementaire. "Tu as voulu agir pour le collectif jusqu’au dernier jour. On s’est marrés bien des fois, quand tu faisais des duplex pour les chaînes d’info depuis le centre anti-cancer, sans que personne ne soupçonne la perfusion hors-cadre", a écrit Matthieu Orphelin, député apparenté Libertés et Territoires, dans un hommage ému à son collègue et ami.

Chef d’entreprise, chanteur amateur et comédien, devenu député, Jean-François Cesarini était encore sur les planches du festival Off d’Avignon, en 2018, pour un seul en scène. "Grande gueule", l’élu du Vaucluse avait un profil atypique et a exercé son mandat avec une liberté de parole jamais démentie.

En décembre dernier, sur la réforme des retraites, il avait fait entendre une voix dissonante, haut et fort : "Je suis contre l’âge pivot." Mi-janvier, Edouard Philippe recule, au moins provisoirement, sur ce sujet. Alors que la maladie semble lui accorder un bref répit, Jean-François Cesarini savoure ce qu’il considère comme une victoire politique. Et quand ses déclarations très médiatisées agacent au sein de la majorité, il réagit en prenant du recul : "Peut-être que je serai mort avant la fin du mandat donc, ça me fait rire", confiait-t-il en tout début d’année dans les colonnes du journal L’Opinion.

"Tu étais de ceux qui préfèrent les convictions aux consignes"

A l’Assemblée, Jean-François Cesarini a été l’initiateur du "Collectif social-démocrate" regroupant une vingtaine de députés de l’aile gauche de la majorité, sans toutefois aller jusqu’à créer un nouveau groupe parlementaire. Fin février, il s’oppose au recours au 49.3 pour faire passer la réforme des retraites. Ce fut sa dernière bataille politique.

Tout jeune, c’est son père, militant socialiste, qui lui a fait découvrir la politique. Fils d’immigré italien, Jean-François Cesarini est né dans un milieu populaire. Diplômé de philosophie et passionné de théâtre. Avant d’hériter du patrimoine immobilier de son père, il a connu la galère, dormant parfois dans sa voiture. D’abord membre du Parti socialiste, tendance Strauss-Kahn, le futur parlementaire rejoint Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle. S’il était critique sur la politique mise en œuvre par le gouvernement, le député du Vaucluse est resté fidèle au chef de l’Etat.

Dans le texte qu’il a rédigé pour saluer l’action de Jean-François Cesarini, Matthieu Orphelin a écrit : "Tu étais de ceux qui préfèrent les convictions aux consignes, qui font de la politique pour les gens et en les aimant, qui placent la justice sociale au-dessus de tout."

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