Investitures "Ensemble !" : la majorité sortante fait le choix de la continuité

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Edouard Philippe, Richard Ferrand et François Bayrou lors de la conférence de presse sur les investitures de la majorité présidentielle (5 mai 2022/AFP)
par Jason Wiels, le Lundi 9 mai 2022 à 10:24, mis à jour le Mardi 10 mai 2022 à 10:31

La majorité présidentielle a dévoilé l'essentiel de ses candidats investis pour les élections législatives. A ce stade, sur les 509 circonscriptions pourvues, Ensemble ! a désigné 274 députés sortants et 235 candidats encore jamais élus au Palais-Bourbon. Parmi ceux qui tentent leur chance pour la première fois : des ministres, des élus locaux et des profils tantôt technos, tantôt issus de la société civile. Seuls trois candidats viennent pour l’instant des rangs des Républicains. 

Ils sont 509 sur la ligne de départ et la liste devrait être complétée dans les prochains jours avant la clôture des candidatures aux élections législatures, fixées au vendredi 20 mai. La République en marche, le Mouvement démocrate et Horizons, les trois formations politiques qui soutiennent Emmanuel Macron sous la bannière "Ensemble !", se sont mis d'accord sur la répartition de l'essentiel des 577 circonscriptions à se partager. 

Si réitérer la performance de 2017 s’apparente à un défi – la majorité actuelle compte 346 députés –, l'objectif est bien de rassembler au moins une majorité absolue de 289 élus pour voter les réformes du prochain quinquennat.

L'essentiel des sortants réinvestis 

Sur la liste dévoilée par Ensemble !, une large moitié des candidats siègent déjà dans l'hémicycle. D'après le décompte de LCP, 271 ont déjà été élus sous les couleurs de la majorité (en comptant Gérald Darmanin, qui compte reprendre son siège dans le Nord laissé à Vincent Ledoux en 2016), et trois qui viennent du groupe Les Républicains, soit 274 députés sortants.

Les chefs de file de La République en marche au Palais-Bourbon, tels que Richard Ferrand (Finistère), Christophe Castaner (Alpes-de-Haute-Provence), Stanislas Guerini (Paris) ou encore Aurore Bergé (Yvelines) repartent tous en campagne pour un nouveau mandat. En tout, environ 400 circonscriptions devraient être pourvues par un candidat étiqueté LaREM. Le MoDem est également bien servi puisqu'il défendra ses couleurs dans plus d'une centaine de circonscriptions. Le président du groupe Patrick Mignola (Savoie) et le ministre des relations avec le Parlement Marc Fesneau (Loir-et-Cher) sont candidats à leur succession. Les candidats Horizons, le parti d'Édouard Philippe, seront au nombre de 58. Parmi eux, les députés sortants Agnès Firmin-Le Bodo (Seine-Maritime), Thomas Mesnier (Charente) ou Pierre-Yves Bournazel (Paris).

Parmi les 235 noms encore jamais élus à l'Assemblée nationale, la coalition met en avant des noms d'élus locaux tels que David Valence, le maire de Saint-Dié-des-Vosges, ou des nouveaux visages comme Yanis Bacha (Paris), ancien journaliste sportif, et Geoffroy Sardin, vice-président d'Ubisoft et candidat dans la Haute-Vienne.

Une quinzaine de députés retoqués

Élus députés en 2017, environ une quinzaine de marcheurs ont été écartés de l'investiture, alors qu'ils souhaitaient rester députés. C'est le cas d'Aina Kuric (Marne), Claire O'Petit (Eure), Jacqueline Dubois (Dordogne) ou encore Stéphane Vojetta (Français de l'étranger), écarté au profit de la candidature de Manuel Valls. Le député sortant a d'ailleurs annoncé maintenir sa candidature contre le parachutage de l'ancien Premier ministre, historiquement élu dans l'Essonne et qui avait annoncé en 2018 son retrait de la vie politique française.

Les déceptions des candidats non retenus nourrissent aussi des risques de dissidence dans le Finistère, où Jean-Charles Larsonneur (LaRem passé chez Agir ensemble) n'a pas été reconduit mais devrait se présenter contre Marc Coatanéa, conseiller municipal de Brest et proche de Richard Ferrand. Dans les Alpes-Maritimes, le sortant Cédric Roussel compte lui aussi défendre son siège face à l'investiture de Philippe Pradal, ajdoint au maire de Nice Christian Estrosi et candidat pour Horizons. Enfin, Jacques Maire digère encore la "surprise" de ne pas avoir été réinvesti dans les Hauts-de-Seine, où la porte-parole d'En Marche Prisca Thévenod a été désignée. Le député a appris la nouvelle le jour même de la publication de la liste, et son entourage, qui ne voit "aucune raison de le débarquer", réfléchit encore à la suite des événements.

L'allié MoDem, qui a conforté la plupart de ses députés, ne devrait pas connaître ce genre de remous. "La très grande majorité de nos sortants ont été réinvestis à une ou deux exceptions près", fait valoir un élu du parti. Parmi ces exceptions, Béatrice Bellamy, élue locale de La Roche-sur-Yon, a été préférée à Patrick Loiseau, député sortant de Vendée.

Des ralliements à la marge...

La réélection d'Emmanuel Macron pourrait prolonger la recomposition du paysage politique entamée en 2017. Mais la vague de départs du Parti socialiste et des Républicains devrait être beaucoup moins forte que celle provoquée il y a cinq ans (Gérard Colomb, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Olivier Véran, etc.).

À droite, seuls trois députés LR ont demandé l'investiture de la majorité présidentielle à date : Marine Brenier (Alpes-Maritimes), Robin Reda (Essonne), et Constance Le Grip (Hauts-de-Seine). Éric Woerth (Oise), qui avait annoncé son ralliement à Emmanuel Macron dès février, est également investi par la majorité présidentielle.

À gauche, Ensemble ! n'a pas de prise de guerre à faire valoir, en dehors du ralliement de certains grands élus locaux comme François Rebsamen (ex-PS). La coalition n'a cependant investi personne pour le moment face au socialiste sortant David Habib (Pyrénées-Atlantiques), qui n'a pas reçu l'investiture de la Nouvelle union populaire. 

Des ministres en première ligne

Parmi les candidats figureront également de nombreux ministres. Certains tenteront leur chance aux législatives pour la première fois, comme Elisabeth Borne (Calvados), Jean-Michel Blanquer (Loiret), Clément Beaune (Paris), Geneviève Darrieussecq (Landes) ou Emmanuelle Wargon (Val-de-Marne).

D'autres tenteront de maintenir leur position dans leurs fiefs, à commencer par Gabriel Attal (Hauts-de-Seine), Amélie de Montchalin (Essonne), Olivier Véran (Isère), Brigitte Bourguignon (Pas-de-Calais),  Olivier Dussopt (Ardèche) et Nadia Hai (Yvelines).

En revanche, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a annoncé qu'il ne concourrait pas pour un quatrième mandat dans l'Eure, et celui de la Justice, Eric Dupond-Moretti, pressenti dans le Nord, a indiqué qu'il n'avait pas l'intention de briguer de mandat. Le cas de Barabara Pompili (Transition écologique), élue de longue date dans la Somme, n'est pas encore tranché.

Les conseillers qui sortent de l'ombre

Parmi les gagnants des investitures figurent aussi plusieurs collaborateurs de cabinets. Et pas des moindres : Marc Ferracci, conseiller du Premier ministre Jean Castex, et intime d’Emmanuel Macron, dont il fut le témoin de mariage, est investi pour les Français de l’étranger (Liechtenstein, Suisse). On retrouve aussi l'ancien directeur général d'En Marche, Paul Midy, dans l'Essonne. Le conseiller spécial de Gérald Darmanin, Mathieu Lefevre, concourt dans le Val-de-Marne et les anciens collaborateurs élyséens Jérôme Peyrat et David Amiel défendront les couleurs de leur ancien patron respectivement en Dordogne et à Paris. Figure enfin sur la liste la cheffe de cabinet de l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, Solène Gibault (Orne).