Ingérences : qualifié de "courroie de transmission" de la Russie dans le rapport de la commission d'enquête, le RN dénonce un "procès politique"

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par Raphaël Marchal, le Jeudi 1 juin 2023 à 20:24, mis à jour le Vendredi 2 juin 2023 à 16:18

Le rapport de la commission d'enquête sur les ingérences étrangères a été adopté, jeudi 1er juin, sur fond de polémique entre le président de la commission d'enquête, Jean-Philippe Tanguy (Rassemblement national), et la rapporteure, Constance Le Grip (Renaissance). 

Le rapport de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les ingérences étrangères, composée de députés de tous les groupes politiques, n'a pas encore été publié, mais son contenu est déjà la cause d'une intense bataille politique. Adopté ce jeudi 1er juin à huis-clos, comme c'est la règle, au terme de six mois de travaux, le document rédigé par Constance Le Grip (Renaissance) ne sera dévoilé que le 8 juin, mais des extraits ont été dévoilés par Mediapart et RMC.

Le Front national, devenu Rassemblement national, y est dépeint comme "une courroie de transmission" de la Russie en France. La rapporteure rappelle la position de Marine Le Pen et du FN au moment de l'annexion de la Crimée par la Russie, année durant laquelle le parti négociait un prêt avec une banque tchéco-russe. Une position sur la Crimée que la présidente du groupe RN à l'Assemblée a maintenu lors de son audition par la commission d'enquête le 24 mai. 

Un rapport "hors-sujet"

Lors d'une conférence de presse organisée jeudi 1er juin, le président RN de la commission d'enquête a longuement vilipendé le contenu du rapport, adopté à 11 voix contre 5 par les députés de la commission, le jugeant "hors-sujet", "biaisé" et accusant la majorité présidentielle de faire le "procès politique" du Rassemblement national.

"Consterné" par l'accusation qui a fuité, Jean-Philippe Tanguy l'a martelé : "rien n'a permis d'établir une ingérence au cours des auditions". Le RN avait lui-même demandé la création de cette commission d'enquête, justement dans l'espoir de couper court aux accusations régulières concernant ses liens réels ou supposés avec la Russie de Vladimir Poutine. Mais selon Jean-Philippe Tanguy, la majorité présidentielle aurait décidé de faire de cette commission un "outil politique". 

Pour autant, le député RN considère que son parti sort grandi par le déroulé des travaux de cette commission d'enquête. "Je mets au défi quiconque de montrer qu'à un seul moment j'ai tenté de manipuler une personne auditionnée", a-t-il assuré. A contrario, il a jugé que cette séquence dévoilait le "manque d'éthique" du camp d'Emmanuel Macron, dénonçant notamment les conditions d'organisation de l'audition de Marine Le Pen.

"Un travail sérieux"

Interrogée par LCP, Constance Le Grip a récusé tout traitement particulier réservé au Rassemblement national. "Je laisse le président de la commission d'enquête faire l'analyse de ce rapport", a-t-elle indiqué, mettant en avant le "travail sérieux, documenté, honnête" des députés qui ont participé aux travaux de la commission. 

Sur le fond, la rapporteure réaffirme que la Russie est aujourd'hui "la principale menace d'ingérence sur notre territoire". "Et s'agissant de la Russie, un parti politique en France s'est avéré un relais assez affirmé, assez constant", ajoute-t-elle, faisant référence au parti présidé jusqu'en 2021 par Marine Le Pen.

La bataille rangée entre Renaissance et le Rassemblement national au sujet de la commission d'enquête devrait rebondir la semaine prochaine, lors de la publication du rapport, prévue jeudi 8 juin.