Inflation : pas de hausse suspecte des prix, estiment les députés

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L'inflation alimentaire a été d'environ 5 %
L'inflation alimentaire a été d'environ 5 % (PxHere)
par Raphaël Marchal, le Mercredi 27 juillet 2022 à 12:23, mis à jour le Jeudi 28 juillet 2022 à 15:39

Le groupe de travail de l'Assemblée sur le suivi de l'inflation a rendu ses premières conclusions, ce mercredi matin. Les députés Xavier Albertini (Horizons) et Aurélie Trouvé (LFI) n'ont pas, à ce stade, identifié de comportement abusif systémique des industriels et fournisseurs, mais vont poursuivre leurs travaux dans les mois qui viennent.

"Il n'y a pas de comportement abusif systémique de la part des industriels et des distributeurs." Telle est la conclusion de Xavier Albertini (Horizons), co-rapporteur du groupe de travail sur le suivi de l'inflation. Cet organe avait été mis en place début juillet, afin d'identifier d'éventuelles hausses suspectes des prix sur certains produits. À l'issue de 23 auditions, les députés n'ont donc pas décelé d'inflation suspecte, du moins pas à ce stade. "On n'a pas les données suffisantes pour affirmer avec certitude qu'il y a des hausses suspectes à tel ou tel endroit, ou qu'il n'y en a pas", a tempéré Aurélie Trouvé (LFI), l'autre co-rapporteure. Les deux élus auront toutefois l'occasion de poursuivre leurs travaux dans les mois qui viennent, la commission des Affaires économiques ayant décidé de prolonger la durée de vie de l'instance. Dans le même temps, Xavier Albertini a rappelé que la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) avait ouvert une cellule sur le sujet.

Le Parlement avait notamment été saisi en juin par Michel-Édouard Leclerc au sujet de l'inflation. Le patron de la grande distribution avait accusé les industriels de profiter de la guerre en Ukraine pour augmenter largement leurs prix, sans qu'il y ait de corrélation. Cette accusation n'a donc pour le moment pas trouvé ses fondements. Le 19 juillet, le Sénat avait dégainé en premier, identifiant des hausses suspectes très marginales et en pointant davantage la responsabilité des distributeurs

"Leclerc est un menteur"

Du banc du procureur, Michel-Édouard Leclerc est même passé à celui des accusés. Le député Richard Ramos (Démocrate) a ainsi attaqué frontalement le patron de la grande distribution, dans une charge virulente. "Michel-Édouard Leclerc est un menteur. Nos PME n'ont pas profité de ce climat pour faire en sorte de prendre plus de pognon", a vitupéré l'élu. "Michel-Édouard Leclerc et consorts sont en train d'étrangler nos PME, en essayant de détourner la loi Egalim et Egalim 2, par des pénalités logistiques qui n'ont jamais été aussi élevées" a-t-il ajouté. Avant de porter un coup d'estoc final à la grande distribution, coupable selon lui de demander aux entreprises industrielles françaises d'aller négocier les prix auprès de centrales d'achats situées à l'étranger.

Suivant ce raisonnement, Richard Ramos a alerté sur les effets néfastes qu'aurait la recherche de la baisse des prix, coûte que coûte. "Les [ventes de] premiers prix alimentaires sont en train de flamber, avec dedans, plus de gras, plus de sel. La courbe de la pauvreté suit la courbe de l'obésité", a-t-il indiqué. "La baisse des prix, c'est aussi l'étranglement de nos PME et de la qualité de l'alimentation française." Et d'indiquer que certains fabricants conservent le même emballage, mais procèdent à une baisse du grammage ou modifient la composition de leurs produits.

L'inflation  au plus haut depuis 30 ans

Plus globalement, Aurélie Trouvé et Xavier Albertini ont dressé un tableau saisissant de la situation en France, avec une "inflation au plus haut point depuis 30 ans, et qui est certainement sous-estimée". D'autant plus que selon la députée insoumise, le pic n'a pas encore été atteint, l'Insee prévoyant une inflation à 7 % à la fin de l'année. Selon les deux rapporteurs, deux causes peuvent l'expliquer : le redémarrage de l'économie après la crise due à l'épidémie de Covid-19, ainsi que la guerre en Ukraine.

Si le duo partage largement le diagnostic, les remèdes pour faire face à l'inflation le sont moins. Aurélie Trouvé a fustigé les mesures sur le pouvoir d'achat présentées par l'exécutif, jugeant qu'elle ne répondraient pas au problème social sur le long terme. Elle a proposé de mettre en place un plafonnement des coûts de l'énergie, ainsi qu'une taxe sur les super profits destinés à financer les aides pour les Français, reprenant des arguments largement débattus au cours des derniers jours.

Xavier Albertini a pour sa part appelé à affiner le dispositif de chèque alimentaire voulu par le gouvernement. Concernant l'énergie, il a appelé, à moyen terme, à poursuivre la stratégie de diversification des approvisionnements à l'échelle européenne, à réformer les marchés d'électricité et de gaz, et à faire un effort de sobriété sur les pratiques de consommation.