Glyphosate : "La science montre qu’il n’y a pas de risque pour la santé", assure le commissaire européen à l’agriculture

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par Maxence Kagni, le Mardi 10 octobre 2017 à 17:29, mis à jour le Jeudi 27 février 2020 à 18:43

Auditionné mardi à l'Assemblée nationale, Phil Hogan a minimisé les critiques à l'égard de l'herbicide de Monsanto. Le commissaire européen a également rejeté toute instauration d'une "exception agriculturelle" en Europe visant à taxer à l'importation les produits qui ne respectent pas les normes environnementales européennes.

A la veille des annonces d'Emmanuel Macron sur l'agriculture, les députés des commissions des affaires européennes et des affaires économiques ont auditionné conjointement Phil Hogan, le commissaire européen en charge de l'agriculture et du développement rural.

"Si vous consommez trop d'alcool, c'est nocif..."

Devant les parlementaires français, Phil Hogan a pris position sur la question du glyphosate. Le gouvernement français a affirmé à plusieurs reprises qu'il refuserait de voter en faveur de la prolongation, pour dix ans, de l'utilisation de cet herbicide jugé dangereux pour la santé par certains défenseurs de l'environnement.

"Notre science montre qu'il n'y a pas de risque pour la santé humaine", a au contraire affirmé le commissaire européen qui assure que pour l'instant, il n'existe pas de substitut à ce principe actif qui entre notamment dans la composition du Roundup de Monsanto.

Phil Hogan a ensuite établi un curieux parallèle :

Si vous utilisez trop de n'importe quel produit, c'est nocif. Si vous consommez trop d'alcool, c'est nocif...Phil Hogan

La proposition d'une "taxe agriculturelle" écartée ?

L'audition du commissaire européen a également permis à l'élu LREM de la Creuse Jean-Baptiste Moreau d'évoquer la possibilité de créer une "exception agriculturelle" en Europe, comme il existe une "exception culturelle". La proposition, issue des états généraux de l'alimentation, pourrait se traduire par une "taxe à l'importation sur les produits qui n'obéiraient pas aux mêmes normes sanitaires et environnementales que les nôtres".

La piste n'a pas semblé séduire le commissaire européen. Phil Hogan a notamment affirmé qu'il y a "13 milliards d'euros d'excédents agricoles entre la France et le reste du monde", ce qui "crée beaucoup d'emplois" dans le pays. Selon lui, il n'y a "pas besoin d'une taxe à l'importation" car cela irait "à l'encontre total de cet esprit de commerce et d'ouverture".

"L'Union européenne donne un chèque au Parlement français"

Autre dossier évoqué : la réforme de la politique agricole commune dont Phil Hogan a détaillé le calendrier. Le commissaire européen a affirmé que "le cadre budgétaire sera publié en mai 2018" et qu'il fera lui-même une proposition législative en juin. Entre ces deux dates et les élections européennes (qui se tiendront en 2019) se tiendra un débat, a promis Phil Hogan.

L'évocation de la PAC a permis au député Nouvelle Gauche Dominique Potier (PS) de mettre en cause la politique de l'Union européenne en matière agricole : "Mon sentiment, c'est que ce qui a dominé ces dernières années, c'est un phénomène de dérégulation." Selon lui, "la perte d'instruments de régulation du marché laitier" a coûté "4.000 euros par ferme concernée".

Mis en cause à de nombreuses reprises sur la PAC, Phil Hogan a rappelé que "l'Union européenne donne un chèque au Parlement français chaque année mais encore faut-il que ces fonds arrivent aux exploitants..." Le commissaire européen a également expliqué avec malice que la France est "le plus grand bénéficiaire de la PAC en Europe".

Doutes sur le CETA

Certains députés ont mis en cause la politique de libre-échange de l'Union européenne, relayant notamment certaines interrogations à propos du CETA. Selon le communiste André Chassaigne, cet accord entre l'UE et le Canada "n'apporte aucune garantie sur le volet agricole en matière de normes européennes et de qualité de production".

Le député LREM Denis Masséglia a lui aussi émis des doutes : "Comment garantir à nos éleveurs que notre marché ne sera pas inondé de produits canadiens ?", a demandé l'élu du Maine-et-Loire, qui a évoqué la possibilité de "ne ratifier qu'une partie du CETA en excluant les clauses qui semblent déséquilibrées".

"Quand nous signons des accords de libre-échange, nous ne négocions pas (...) les normes alimentaires de l'Union européenne", a affirmé le commissaire européen, selon qui il s'agit d'une "ligne rouge" qui n'accepte aucun "compromis".

Phil Hogan a ajouté que cette approche est reprise dans les discussions avec les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay). L'Union européenne et les membres de ce "marché commun du sud" négocient en effet actuellement les conditions d'un accord de libre-échange qui pourrait être "huit fois plus gros que le CETA".

Face aux réserves des députés, Phil Hogan a évoqué la nécessité de "faire des concessions" face à cet éventuel accord qui pourrait rapporter "4 milliards de revenus supplémentaires dans les domaines non agricoles".

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