Gérald Darmanin : "On voit une poussée extrêmement forte des violences du fait de l'ultragauche"

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par Raphaël MarchalSoizic BONVARLET, le Mercredi 5 avril 2023 à 12:39, mis à jour le Mercredi 5 avril 2023 à 15:33

Auditionné à l'Assemblée, mercredi 5 avril, le ministre de l'Intérieur a pointé la responsabilité de "l'ultragauche" dans la hausse des violences en marge des manifestations contre la réforme des retraites, et lors des affrontements qui ont eu lieu à Sainte-Soline.

Il était attendu de pied ferme. Gérald Darmanin était auditionné, ce mercredi 5 avril, par les députés de la commission des lois alors que, ces dernières semaines, les violences en marge des manifestations contre la réforme des retraites, ainsi que les affrontements autour des méga-bassines de Sainte-Soline, posent la question de la responsabilité de ces violences. 

Sur le champ politique, deux thèses s'affrontent : ceux qui déplorent la banalisation de la violence et la présence d'individus venus pour affronter les forces de l'ordre, et ceux qui s'inquiètent d'une doctrine de maintien de l'ordre qui contribuerait à tendre l'ambiance lors des manifestations et qui dénoncent des "violences policières". 

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Devant les députés, le ministre de l'Intérieur a condamné la montée en puissance des affrontements violents, qu'il a notamment attribuée à l'action de plus en plus résolue de "l'ultragauche". Concernant le contrôle de l'action des forces de l'ordre, il a indiqué que depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites, 41 enquêtes judiciaires avaient été ouvertes à l'IGPN, la "police des polices", et quatre à l'IGGN, son équivalent pour la gendarmerie. Quatre enquêtes administratives sont, en outre, diligentées par ces deux services.

Une "préméditation" de la violence à Sainte-Soline

Au cours de son audition, Gérald Darmanin est revenu en détail sur les opérations de maintien de l'ordre à Sainte-Soline, a fortiori celles du 25 mars, journée qui a concentré les affrontements violents. Il a rappelé que l'interdiction des manifestations à proximité du site de la méga-bassine avait été clairement édictée par la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée, dès le 10 mars. De ce fait, le ministre a estimé que la responsabilité des débordements incombait aux organisateurs, rappelant au passage avoir engagé la dissolution du collectif "Les Soulèvements de la terre".

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Le ministre de l'Intérieur a insisté sur le noyautage des manifestations par les mouvements d'ultragauche ou "d'écologie radicale", avec une "préméditation" des violences commises. Selon lui, sur les 8 000 personnes présentes, 1 000 relevaient de l'ultragauche, dont 200 étaient suivies par les services de renseignement. Gérald Darmanin a fait état d'une "internationalisation de la violence", avec la présence de militants allemands et italiens, notamment.

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Selon lui, les affrontements qui ont eu lieu à Sainte-Soline résultent de la volonté d'en découdre de certains manifestants, ce qui a provoqué la réponse des forces de l'ordre présentes sur place. Par ailleurs, alors qu'une polémique s'était installée sur la possibilité de secourir les blessés, Gérald Darmanin a réaffirmé que les secours n'ont pas été empêchés d'intervenir par les gendarmes. "Tout le monde a compris que ce n'était absolument pas le cas.

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Plusieurs députés ont réagi aux propos du ministre, certains pour appuyer l'action des forces de l'ordre, comme Emmanuel Mandon (Démocrate) et Didier Lemaire (Horizons), d'autres pour dénoncer le choix de réprimer violemment la manifestation du 25 mars. "Le chaos s'est abattu sans distinction sur tous les manifestants, pour l'essentiel venus tranquillement et en famille", a notamment affirmé Clémence Guetté (La France insoumise) qui a aussi dénoncé un "désastre humain" et les "mensonges" de Gérald Darmanin. 

La mobilisation contre les retraites et la bascule du 49.3

Concernant la mobilisation contre la réforme des retraites, le ministre de l’Intérieur a estimé que "les manifestations en tant que telles, le maintien de l'ordre en tant que tel, ne posent pas de problème". Des manifestations qui se sont le plus souvent "déroulées sans incidents majeurs" pendant plusieurs semaines, a souligné Gérald Darmanin, contrairement aux scènes qu'il a qualifié de "guérillas urbaines" ces derniers temps. 

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Le locataire de la place Beauvau a évoqué une "journée particulière" dans le mouvement social, postérieure au déclenchement du 49.3 par le gouvernement, le 16 mars dernier. Une journée "qui a fait naître énormément de blessés, chez les forces de l’ordre comme chez les manifestants, beaucoup plus chez les forces de l’ordre, et des interpellations en très grand nombre ". Le ministre de l’Intérieur a précisé que "la manifestation classique n’a posé quasiment aucun problème", opérant un distinguo net entre la manifestation syndicale et les rassemblements spontanés. Gérald Darmanin a également fait remonter à cette période la présence "extrêmement forte" de "l'ultragauche" qui aurait "infiltré le mouvement social". "Si j'étais provocateur, je dirais qu'ils ont voulu [le] prendre en otage". 

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A gauche, Roger Vicot (Socialistes) a dénoncé une "évolution de la doctrine d'emploi" de la force depuis le recours au 49.3 et a dit craindre une dérive vers "une République sécuritaire", tandis que Thomas Portes (La France insoumise) a qualifié Gérald Darmanin de "ministre de la matraque". 

BRAV-M : "Ils sont évidemment formés au maintien de l’ordre"

Le ministre de l'Intérieur est aussi revenu sur les critiques visant la BRAV-M, alors que la pétition en faveur de sa "dissolution", soutenue par La France insoumise, a recueilli plus de 250 000 signatures sur le site de l'Assemblée nationale. "Ils sont évidemment formés au maintien de l’ordre", a affirmé Gérald Darmanin, avant de considérer que "quand on veut dissoudre la BRAV-M, c’est un peu étonnant, car ce n’est pas une unité", lui parlant de "compagnie d’intervention de la préfecture de police".

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Enfin, au sujet des autorisations et des interdictions de manifester et des arrestations qui peuvent notamment avoir lieu dans le deuxième cas, le ministre de l'Intérieur a fait cette mise au point : "Non, on n’a pas le droit de manifester quand c’est interdit. L’obligation de déclaration préalable d’une manifestation est prévue depuis 1935 (…) Participer à une manifestation interdite constitue une infraction punie d’une amende de quatrième classe". "Si vous pensez, Mesdames et Messieurs les députés, que le droit est mal fait, puisque moi j'applique le droit, n'hésitez pas à le changer", a enjoint le ministre.