Covid-19 : Jean-Michel Blanquer auditionné sur la gestion de la crise en matière éducative

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Jean-Michel Blanquer a défendu sa gestion de la crise sanitaire
par Ariel Guez, le Jeudi 22 octobre 2020 à 10:36, mis à jour le Jeudi 22 octobre 2020 à 14:59

Entendu par les députés de la commission d’enquête créée pour mesurer et prévenir les effets de la crise du Covid-19 sur les enfants et la jeunesse, le ministre de l'Éducation nationale est revenu sur la gestion de la crise sanitaire pour ce qui relève de son champ de responsabilités. Partisan du retour des élèves dans les établissements scolaires, il estime qu'aujourd'hui "l'école est le dernier endroit à fermer".

Il y a sept mois, le 16 mars 2020, la France a fermé ses établissements scolaires. Une décision, inédite dans l'histoire, prise par le président de la République en Conseil de défense en raison de l'épidémie de coronavirus. Depuis, les établissements ont rouvert et le bilan de cette période commence à être fait. Auditionné à l'Assemblée nationale, jeudi, par la commission d’enquête mise en place pour mesurer et prévenir les effets de la crise du Covid-19 sur les enfants et la jeunesse, le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, est revenu sur sa gestion de la crise sanitaire. 

Selon le ministre, il était justifié de fermer toutes les écoles en mars

"Depuis toujours, j'ai considéré qu'il fallait aller à l'école. Il n'y a pas un enfant sur le territoire français qui doit se trouver hors de l'école. C'est un principe qui ne se discute pas et qui est un des corollaires les plus importants de la République", a commencé le ministre, rendant par ailleurs à nouveau hommage au professeur Samuel Paty, victime d'un assassinat terroriste six jours plus tôt. "Cette conviction" qu'un enfant doit être à l'école a conduit pendant le confinement Jean-Michel Blanquer à être "un avocat du retour à l'école", qui a finalement eu lieu à partir du 11 mai de manière échelonnée. 

Nous devons collectivement assumer que ce virus est quelque chose d'inédit Jean-Michel Blanquer, le 22 octobre 2020

Interrogé par Marie-George Buffet (GDR), rapporteure de la commission d'enquête, sur le processus de décision qui a conduit à fermer les écoles le 16 mars, Jean-Michel Blanquer s'est défendu de toute improvisation. "Nous devons collectivement assumer que ce virus est quelque chose d'inédit avec des incertitudes et que la contagiosité des enfants a par exemple fait partie des éléments de prudence", a rappelé le ministre, soulignant que la doctrine sanitaire qui prévalait au début du mois de mars était celle établie au début des années 2010 et envisageait des confinements locaux.

"On m'a fait parfois le reproche de dire qu'il n'y aura pas de confinement généralisé. C'est vrai que j'ai dit ça avant le 15 mars, mais en disant cela, je traduisais cette doctrine partagée par tous", a affirmé Jean-Michel Blanquer. 

L'enseignement à distance, "une véritable réussite"

Le ministre a salué que, dès le 16 mars, 30.000 enfants des personnels soignants aient pu être accueillis dans les écoles. Un dispositif qui a permis d'évaluer la contagiosité des enfants, puisqu'aucun "problème particulier n'a été relevé quand nous avons reçu ces enfants plus 'à risques'", a-t-il expliqué. 

Mais la quasi-totalité majorité des enseignements se sont alors déroulé à distance. "Une véritable réussite", selon Jean-Michel Blanquer qui a cité les enquêtes de satisfaction menées auprès des parents d'élèves. "En quelques jours, l'ensemble des personnels de l'Education nationale ont été à la hauteur du service public en réinventant l'école".

Pour autant, cette période a fait peser un risque d'accentuation des inégalités sociales en matière éducative. En septembre, des tests ont été menés dans les classes de CP, CE1 et de 6e afin d'évaluer les difficultés scolaires et le ministre communiquera les résultats dans les prochains jours. 

Des ordinateurs envoyés aux élèves qui n'en avaient pas

Jean-Michel Blanquer s'est toutefois félicité des actions de son ministère dans la lutte contre le décrochage pendant le confinement en vantant, par exemple, le partenariat passé avec La Poste qui a permis l'envoi quotidiens de milliers de devoirs aux familles qui n'avaient pas d'ordinateur ou l'envoi de matériel informatique. 

"Nous pouvons être fiers d'avoir un service public de l'éducation nationale. C'est un atout de la France et cela me permet d'avoir de véritables leviers dans le pays", a expliqué le ministre, rappelant que la transmission des informations aux familles "en à peine quatre niveaux depuis le ministère" n'avait pas eu lieu dans des pays où la décentralisation du système éducatif est très forte.

On a souvent tendance à critiquer la centralisation de la France, mais ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain Jean-Michel Blanquer, le 22 octobre 2020.

Après l'expérience du confinement et les études diverses qui ont montré une faible contagiosité des enfants, "nous pensons désormais que l'école est le dernier endroit à fermer", a indiqué le ministre de l'Éducation nationale. 

"Nous allons continuer avec cette stratégie consistant à fermer les écoles de manière ciblée"

Pour autant, cela reste possible, selon des cas bien précis et localisés. "Depuis le début de l'année [scolaire], nous avons une vision assez agile sur la fermeture. On est autour de 0,14% des classes qui sont fermées. Ce ne sont pas toujours les mêmes. Ce système, même s'il est encore trop tôt pour avoir un plein recul dessus, a plutôt bien fonctionné", s'est réjoui Jean-Michel Blanquer.

"Il y a à la fois des protocoles qui sont clairs et publics et puis des décisions qui sont locales, j'espère qu'elles le resteront. Je ne m'aventure pas à dire qu'il n'y aura pas de confinement généralisé, mais je pense que nous allons continuer avec cette stratégie consistant à fermer de manière ciblée", a-t-il détaillé. 

Interrogé sur la rentrée de septembre, Jean Michel Blanquer estime "que nous n'avons pas à regretter" le retour des enfants dans les classes, permettant "la scolarisation de l'ensemble des élèves." "L'ensemble des stratégies - pour organiser le retour des élèves dans les classes, ndlr - que j'ai suivi sont cohérentes  avec ce que disaient les sociétés de pédiatrie françaises. Sur ce sujet comme sur d'autres, je n'ai pas forcément toujours rencontré un consensus (...) mais quand je regarde derrière, j'ai plutôt de la fierté collective pour ce qui a été accompli parce que tout le monde s'est retroussé les manches", a dit le ministre. 

Le recrutement de milliers d'accompagnants des élèves en situation de handicap pour rendre l'école "plus inclusive"

Jean-Michel Blanquer a aussi vanté "un effort massif pour l'accompagnement personnalisé", rappelant que plus d'un million d'heures supplémentaires et 130.000 heures d'assistants d'éducation avaient été dégagées pour les stages de réussite et l'opération "devoirs faits". Le ministre a précisé que cette opération avait vocation "à être présente dans chaque collège". 

Enfin, Jean-Michel Blanquer a reconnu quelques "à-côté" sur l'enseignement à distance mis en place, indiquant qu'une formation numérique était envisagée à destination des élèves au sein des établissements compte tenu de la multiplication des outils de visioconférence.

Interrogé par Marianne Dubois (Les Républicains) sur l'intégration des enfants en situation de handicap dans cet enseignement à distance et notamment les enfants souffrant de surdité, Jean-Michel Blanquer a estimé que le Cned s'était bien adapté, tout en indiquant qu'il veillerait à ce que ses interventions soient plus souvent doublées en langue des signes, et plus seulement en sous-titrage. Le ministre a aussi rappelé que plusieurs milliers de postes d'AESH ont été créés pour cette rentrée, afin de rendre l'école "plus inclusive".