Commerces de proximité : des propositions pour redynamiser les centres-villes

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Julien Helaine / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
par Maxence Kagni, le Mercredi 26 janvier 2022 à 09:33, mis à jour le Mercredi 26 janvier 2022 à 15:10

La députée Sandra Marsaud (LaREM) a présenté, mercredi 26 janvier, le rapport de la mission d'information sur "le rôle et l'avenir des commerces de proximité dans l'animation et l'aménagement des territoires". Elle propose notamment d'assurer le maintien en centre-ville des services publics générateurs d'attractivité.

Comment redynamiser les centres-villes ? C'est à cette question qu'a tentée de répondre la députée Sandra Marsaud (La République en marche) : l'élue a présenté, mercredi 26 janvier, devant la commission du développement durable de l'Assemblée nationale, le rapport de la mission d'information sur "le rôle et l'avenir des commerces de proximité dans l'animation et l'aménagement des territoires".

Fruit de 42 auditions et tables-rondes depuis la fin du mois de mai 2021, ce rapport avance une vingtaine de propositions. Et il dresse un panorama de la situation. Le but, a précisé le président de la mission d'information Emmanuel Maquet (Les Républicains), était de "comprendre quels étaient les facteurs qui présidaient à la localisation ou la disparition des commerces de proximité".

La première raison est l'étalement urbain : "La population française a connu depuis les années 1960 un double mouvement de déplacement, des campagnes vers les villes, puis des centres-villes vers les périphéries", a expliqué Sandra Marsaud. Or, "le commerce suit les consommateurs", a analysé l'élue. Résultat, "les habitants des petites villes et des espaces ruraux doivent prendre plus de temps pour parvenir" aux commerces consacrés à l'habillement, la maroquinerie, ou encore à la culture. Une problématique qui recoupe celle de l'absence d'accès à certains services publics administratifs ou de santé. 

Ainsi, en France, la moyenne du nombre de commerces pour 10.000 habitants était en 2017 de 66.9 commerces. Un chiffre qui est de 76 à Paris et de 74,7 dans les villes de 5.000 à 9.999 habitants. Mais dans les villes de 100.000 à 199.999 habitants, la moyenne chute à 47,1. Quant aux communes rurales, 60% d'entre elles ne disposent tout simplement plus de commerces : leurs habitants doivent "parcourir en moyenne 2,2 kilomètres pour atteindre une boulangerie". Pourtant, note Sandra Marsaud, "33% de nos concitoyens vit dans ces communes peu denses".

Services publics

Ces disparités, qui existent également au sein des départements eux-mêmes, ont une autre cause : "En zone rurale, la déprise du commerce dans les bourgs est due à la présence, souvent, de grandes surfaces en périphéries des villes qui sont un peu plus loin", a expliqué Sandra Marsaud. L'élue souligne aussi le rôle joué dans les évolutions constatées par les "supérettes qui s'installent en périphérie des centres-bourgs et qui dévitalisent le commerce".

La rapporteure propose plusieurs solutions pour redynamiser les centres-villes comme "l'animation des rues par des événements", "la rénovation et l'implantation de logements", une meilleure "desserte en transports" ou la création d'espaces verts. Elle conseille également d'"assurer des flux de clientèle vers les rues et vers les espaces commerçants". Mais ces solutions ont parfois des effets contre-productifs, a nuancé mercredi Nadia Essayan (MoDem) : "Dans ma circonscription, la piétonisation souhaitée par de nombreux maires (...) recueille un avis mitigé dû au besoin d'accès direct aux commerces par véhicules, notamment pour les personnes âgées."

Sandra Marsaud propose également d'assurer le maintien ou le "retour autant que possible des services publics" dans les centres-villes. D'accord avec cette idée, Guillaume Garot (Socialistes et apparentés) reproche, en revanche, à la majorité de "ne rien faire pour [assurer] une meilleure répartition des médecins au plan national" : sa proposition de loi "d'urgence contre la désertification médicale" a été rejetée le 20 janvier. Il estime également que rien n'a été fait pour limiter l'action des géants du numérique : "On ne peut pas à la fois pleurer sur la disparition de commerces de proximité et laisser des géants du type d'Amazon débouler sans garde-fous dans notre pays."

Le poids du numérique

Le numérique constitue toutefois "pour certains un élément qui leur permet d'accroître leur chiffre d'affaires", a expliqué le président de la mission d'information Emmanuel Maquet. Mais les "petits commerçants indépendants" ne sont "pas suffisamment accompagnés" : ils ne peuvent souvent pas "alimenter au quotidien" leurs sites de vente en ligne. De plus, ajoute l'élu, un site Internet nécessite un "stock considérable" afin de pouvoir "livrer dans l'instant". 

Pour faire face à cette "fracture numérique" le rapport propose de "renforcer sensiblement l'enveloppe consacrée à la numérisation des commerces dans le cadre du plan France Relance" mais aussi de "développer des actions de formation à destination des commerçants et les encourager à y prendre part au moyen d'avantages financiers".

Sandra Marsaud propose, par ailleurs, de refondre la procédure des autorisations commerciales par les commissions départementales d'aménagement commercial (CDAC), qui statuent sur les demandes de création de commerces de détails de plus de 1.000 m2 de surface de vente. Elle souhaite enfin "profiter de la présidence française de l'Union européenne pour parvenir à une juste imposition des grands acteurs du numérique et des producteurs étrangers en matière de TVA".