Budget 2022 : Barbara Pompili prône la "massification des énergies renouvelables"

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AFP
par Jason Wiels, le Jeudi 7 octobre 2021 à 14:42, mis à jour le Jeudi 7 octobre 2021 à 17:13

Pour répondre à la demande croissante en électricité prévue d'ici à 2035, le développement de "toutes les énergies renouvelables" doit être "notre combat à tous", a insisté jeudi la ministre de la Transition écologique. Devant les députés, elle a vanté un budget "jamais-vu" consacré à la transition énergétique, malgré une nouvelle baisse des effectifs.

Forte d'un budget en hausse et des crédits du plan de relance, Barbara Pompili a affiché sa satisfaction et s'est félicitée de l'ambition du gouvernement lors son audition sur le projet de loi de finances 2022, jeudi à l'Assemblée nationale : "La crise climatique nous oblige, je n'ai pas peur des mots, à opérer une véritable révolution industrielle", a-t-elle affirmé. La ministre de la Transition écologique a estimé qu'il fallait désormais des "moyens à la hauteur des enjeux" : "Ces moyens sont en train de monter et montent de plus en plus. (...) C'est du jamais-vu et tant mieux !"

Dans le détail, le Budget de l'État consacrera l'année prochaine 19,5 milliards d'euros à son ministère (300 millions de hausse en un an, 3,3 milliards depuis 2017) et continuera de déployer les 30 milliards d'euros du plan de relance réservés à l'écologie.

Des effectifs toujours en chute

La numéro trois du gouvernement s'est aussi félicitée du "coup de frein" sur la baisse des effectifs de son ministère, chiffrés à - 270 postes l'année prochaine, contre une perte de 947 postes en 2021.

"Ne vous en déplaise Mme Pompili, 270 postes supprimés, c'est toujours 270 postes en moins", a réagi Mathilde Panot (LFI). La députée dénombre "le démembrement de 8195 postes" au sein du ministère et de ses opérateurs depuis 2017 : "Ce qui est historique, ce n'est pas votre budget mais la destruction du ministère que vous menez", a-t-elle déploré. 

Si Gérard Leseul (PS) a tenu à reconnaître "l'effort budgétaire" consenti par l'exécutif, son collègue communiste Hubert Wulfranc (GDR) a critiqué un "budget qui ne protège pas les Français", en particulier sur la question du coût de l'énergie. La ministre a réaffirmé que, suite aux annonces de Jean Castex, la facture d'électricité n'augmenterait pas de plus de 5 euros par foyer et que la hausse du prix du gaz serait bien neutralisée "alors qu'il aurait dû flamber de 30% à la fin de l'année".

Le nucléaire ne suffira pas

Barbara Pompili a ensuite souhaité tracer l'horizon énergétique de la France à moyen et long terme, afin d'imaginer un pays à la politique énergétique plus souveraine et donc moins dépendant de ses importations en pétrole et en gaz.

Alors que l'entreprise RTE, qui gère le transport de l'électricité, doit livrer ses nouvelles projections sur l'évolution du mix énergétique français fin octobre, la France devrait connaître d'ici à 2035 une hausse de la demande en matière électrique de 20% (et entre 40 à 50% d'ici à 2050). Or, la ministre a estimé que pour décarboner notre production électrique à cet horizon, le nucléaire seul, même en relançant la production de nouvelles centrales, ne suffirait pas "quelle que soit le type de centrale".

Il faut dès lors "massifier dès aujourd'hui toutes les énergies renouvelables, a-t-elle déclaré. Cela doit être notre combat à tous." Même en additionnant toutes les énergies renouvelables (éolien, solaire, mais aussi hydraulique, biocarburants, biomasse, etc.), celles-ci ne pesaient que 11,6% de la consommation énergétique en France en 2019 (voir ci-dessous). Pour augmenter la cadence, Barbara Pompili mise aussi sur la recherche, laquelle fera "certainement l'objet d'annonces dans le cadre du plan d'investissement", qui doit être dévoilé par Emmanuel Macron le 12 octobre.

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Consommation d'énergie primaire en France en 2019, ministère de la Transition écologique
Consommation d'énergie primaire en France en 2019, ministère de la Transition écologique