L'Assemblée nationale donne son feu vert à l'application StopCovid

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L'Assemblée nationale donne son feu vert à l'application StopCovid
par Jason WielsVincent Kranen, Aurelien Meslet, le Mercredi 27 mai 2020 à 20:06, mis à jour le Mercredi 3 juin 2020 à 11:48

Défendue à la tribune par plusieurs ministres (Justice, Santé, Numérique), mercredi, l'application StopCovid qui sera disponible à partir de samedi en libre téléchargement sur les téléphones a été approuvée par 338 voix contre 215.

Pour ou contre StopCovid ? Inutile voire, liberticide pour les uns, outil efficace et belle réalisation nationale pour les autres... Pendant quatre heures, les arguments n'ont pas manqué mercredi après-midi dans chaque camp. Grâce au large soutien de la majorité et malgré quelques voix discordantes en son sein, l'Assemblée nationale a finalement donné son feu vert au déploiement de cette application dès samedi.

Un vote qui n'avait rien d'obligatoire puisque le gouvernement a expliqué qu'aucune nouvelle loi n'était nécessaire pour lancer cet outil de traçage, censé aider à enrayer l'épidémie.

Le secrétaire d'État au Numérique Cédric O, à la manœuvre sur ce dossier qui mêle sécurité, santé et libertés individuelles, a d'abord rappelé le fonctionnement de StopCovid :

Eviter des "morts supplémentaires" contre "usage totalitaire"

Si cette application pourra être téléchargée "librement" et "sans obligation", Cédric O a fait peser sur ses détracteurs la lourde responsabilité des "morts supplémentaires" qui pourraient selon lui être évités en l'utilisant :

Une "culpabilisation" qu'ont très peu goûtée les opposants à l'application. À commencer par Jean-Luc Mélenchon (LFI), qui craint un dévoiement de ce genre d'outil vers des usages liberticides et qui ne téléchargera pas l'application :

Sur ce point, les président du groupe Les Républicains Damien Abad ne dit pas autre chose. A quelques voix près, son groupe a d'ailleurs très largement voté contre. Comme les groupes de gauche qui ont aussi voté contre.

"Sous couvert de préservation de la santé", Charles de Courson (Libertés et Territoires) a dénoncé le "pacte faustien" proposé par un projet qui "sacrifie les libertés individuelles".

Face à ces critiques latentes, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a répondu que "cette application n'est pas un prétexte pour que l'État se transforme en État policier contrôlant les faits et gestes de nos concitoyens".

Elle a insisté sur les gardes-fous mis en place : une conservation des données limitée dans le temps, des "pseudonymes éphémères" associés à chaque personne, une notification libre en cas de dépistage positif.

Quelques voix discordantes

Si les trois principaux groupes de la majorité (La République en marche, MoDem et Agir) ont voté très largement pour l'application, certaines voix de l'intérieur se sont élevées contre. Le député LaREM Sacha Houlié a appelé à rejeter le texte, citant notamment les faibles résultats obtenus dans d'autres pays ayant suivi la voie du traçage numérique :

Au contraire, Cédric Villani, qui a récemment quitté LaREM, a lui soutenu l'initiative, à contre-courant du reste de son nouveau groupe Écologie Solidarité Démocratie.

Le mathématicien a mis en avant une balance bénéfices-risques largement positive selon lui :

Une efficacité à prouver

Plusieurs députés ont aussi objecté de la nécessite d'une utilisation massive de l'application pour la rendre efficace, un cas contact ne pouvant se manifester que si deux personnes qui se sont croisées sont toutes deux équipées de StopCovid. Or, basée sur le volontariat, l'utilité de l'application pourrait dès lors souffrir de ne pas être obligatoire.

Une critique relativisée par Cédric O, selon qui elle sera efficace même à faible échelle :

L'exécutif souligne cependant que StopCovid n'est "qu'un outil parmi d'autres" pour juguler la crise sanitaire.